Au fédéral: Bart de Winnaar 

et la coalition Arizona?

Contredisant les sondages, Bart de Wever a réussi, avec sa N-VA, à contenir les assauts du Vlaams Belang et à rester la première force politique du Nord du pays. Au point d’avoir clairement la main pour une future coalition fédérale. Avec qui ? Le MR fait figure d’incontournable, mais risque de perdre son pendant flamand au vu de la débâcle subie par le parti de De Croo. Les Engagés devraient également en être, de même que leurs homologues flamands du CD&V, mais les premiers n’ont pas tellement engrangé sur Bruxelles. Alors, qui pour compléter le casting? Au moment de boucler ces lignes, le Vooruit (socialistes flamands) semblait le plus indiqué pour une coalition «Arizona». A confirmer!

Ronald Pirlot

Cet article fait partie d’un dossier spécial sur les élections 2024. Retrouvez en les autres parties ici : https://journalpleinchamp.be/dossier-elections-2024/

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Les sondages annonçaient un raz-de-marée brun de la part du Vlaams Belang. La vague extrémiste a finalement été contenue par une digue dénommée Bart. Le Bourgmestre d’Anvers s’érige en effet comme garde-barrière à la montée de l’extrême droite en Flandre. Qui l’eut cru? Un résultat inespéré que beaucoup crédite aux compétences de stratège de celui que l’on surnomme désormais « Bart de Winnaar » au Nord du pays.

Une personnalisation de la victoire que l’on entend également dans les rangs du MR où beaucoup n’auraient pas donné cher de la peau de Georges-Louis Bouchez en cas de déroute. Mais voilà, le discours clair et direct du Montois a fait mouche auprès des électeurs. Sa stratégie de communication et son utilisation des réseaux sociaux également. Au point d’ériger la victoire libérale comme avant tout celle de son fougueux président.

Premières consultations royales

Résultat, le traditionnel clivage bleu au Nord, rouge au Sud, n’a plus cours. De quoi faciliter les discussions entre la N-VA qui a clairement la main, et le MR qui fait partie d’incontournable. Deux partis qui, du reste, possède des points de convergence notamment sur le plan socio-économique et n’ont jamais exclu ce mariage politique, que du contraire. Reste la question de la réforme institutionnelle exigée par les premiers.

Qui pour les accompagner ? K.O. après une débâcle confirmée, les libéraux flamands du Premier Ministre Alexander De Croo ont décidé de faire l’impasse pour une très probable cure d’opposition. Il semble d’ores et déjà acquis que Les Engagés et leurs homologues flamands du CD&V seront pour leur part du prochain exécutif. Reste que, d’un point de vue comptable, ce n’est pas encore assez. Qui sera le chaînon manquant ? Au moment d’écrire ces lignes, les probabilités se portent majoritairement sur les socialistes flamands du Vooruit. Lesquels n’ont jamais caché qu’ils pouvaient très bien s’investir dans un exécutif fédéral sans le PS.

N-VA + MR + Les Engagés + CD&V + Vooruit, une coalition que l’on appelle déjà Arizona (en raison des couleurs du drapeau de cet état d’Amérique) sera-t-elle l’équation gagnante? L’avenir le dira. Une chose semble claire. A l’heure où le Roi a déjà bien entamé ses premières consultations politiques avec les uns et les autres, on ne devrait pas battre le record de paralysie dans la constitution d’un Gouvernement. Un exécutif que Bart De Wever voudrait diriger lui-même.

Et l’agriculture ?

Une rapidité de mise en œuvre, si elle se confirme, qui sera profitable pour la gestion des chantiers encore sur la table. A commencer, sur le plan agricole, par la Taskforce agroalimentaire à laquelle participe activement la FWA et sur laquelle sont fondés beaucoup d’espoirs d’un rééquilibrage des profits au bénéfice des producteurs de terrain. Rappelons pêle-mêle les avancées déjà obtenues (arrêté royal contre les pratiques déloyales ; mise en place d’indicateurs de rentabilité ; renforcement de l’Observatoire des prix ; sensibilisation des consommateurs aux achats responsables ; clarification de l’étiquetage…) et d’autres encore à concrétiser.

Mais aussi, le futur Ministre fédéral de l’Agriculture devra gérer le volet «phytosanitaire» et ses dérogations… dès lors que le Ministre possède la tutelle sur l’Agence fédérale de la sécurité de la chaîne alimentaire.

Enfin, rappelons encore que le Ministre fédéral de l’agriculture possède dans ses attributions la coordination européenne de la politique agricole belge. Les résultats électoraux de ce dimanche permettent d’augurer une logique de continuité de la politique agricole belge défendue jusqu’à présent. Et ce, notamment au cours de la présidence tournante du Conseil européen assuré depuis plusieurs semaines par la Belgique.

Strapontin pour Clarinval, le CD&V ou… ?

Un mandat durant lequel la démarche à la fois volontariste, mais aussi cultivant l’art du compromis, développé par David Clarinval a été saluée par ses pairs européens. Peut-on dire pour autant que l’Ardennais sera reconduit dans ses fonctions? C’est sans doute aller un peu vite en besogne. N’oublions pas que l’agriculture est, traditionnellement, un terreau particulièrement convoité par un parti comme le CD&V, culturellement proche du Boerenbond. L’occasion pour les sociaux-chrétiens du Nord du pays de se reconnecter avec leur électorat agricole disséminé dans les campagnes. A moins que les ambitions d’un certain Ministre wallon de l’agriculture sortant ne le porte à concentrer ses velléités de carrière vers le niveau fédéral…

Si le petit jeu des pronostics devait vérifier l’une ou l’autre de ces hypothèses, le futur Ministre fédéral de l’agriculture serait, dans un cas comme dans l’autre, à créditer de solides connaissances du secteur agricole. De quoi envisager l’avenir sur un terreau plutôt fertile.   

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