BioWanze
Visite d’un écosystème
Au-delà de la transformation de céréales en éthanol, BioWanze c’est aussi… des engrais organiques, de l’énergie verte, de l’alimentation animale, de l’alimentation humaine et du CO2 liquide revalorisé. L’usine est ancrée dans son territoire et la direction propose une vision long terme qui s’intègre dans la transition énergétique. Une petite délégation du service CAP vous partage son expérience sur place.
Mathis Vautier, Stagiaire CAP
& Lucie Darms, Conseillère Air-Climat, Energie, Recyclage, Agroécologie et Apiculture
Conseil, Analyse et Politique (CAP)
BioWanze est le producteur d’éthanol renouvelable le plus important de Belgique. Cet éthanol est incorporé à l’essence et utilisé pour d’autres applications techniques.
La famille de BioWanze
À côté de BioWanze, des activités «sœurs» sont celles de la Raffinerie Tirlemontoise, de Bénéo, de PortionPack… Au-dessus de BioWanze, il y a l’activité «mère» de Südzucker. Un groupe dont les activités, dispersées en Europe, vont du segment sucre au segment éthanol, en passant par l’emballage et autres produits spéciaux, l’amidon et enfin le segment fruits.
Le site de BioWanze se situe stratégiquement en bord de Meuse afin de valoriser, dans un souci de durabilité, le transport des matières premières et des productions via la voie fluviale. Une barge déchargée ou chargée à quai évite approximativement le charroi de 70 camions sur les routes de notre région. La voie ferrée n’est actuellement pas utilisée par BioWanze. Un projet est toutefois à l’étude dans le cadre du développement futur du site.
Un approvisionnement local
Les préoccupations actuelles vont vers davantage d’approvisionnement local. Cela permet d’agir pour la préservation de l’environnement, mais aussi le développement de filières wallonnes, avec une traçabilité et une qualité des produits inhérentes à celles-ci, et le développement de valeur ajoutée en Wallonie.
Aujourd’hui, l’apport du blé fourrager provient entre 50 à 60 % de Belgique (dont 98% wallon), 30 à 35% de France et 5 à 15% d’Allemagne. Le blé allemand est indispensable pour stabiliser le procédé de production du gluten (protéine naturelle extraite du blé) car sa teneur est plus haute en protéines que le standard du froment belge. À noter que BioWanze récupère 100% des résidus de betterave de la Raffinerie Tirlemontoise.
Rien ne se perd, tout se transforme
BioWanze utilise du blé fourrager et des résidus de betterave issus de la Raffinerie Tirlemontoise pour produire de l’éthanol, ainsi qu’une série de coproduits valorisés pour atteindre quasiment 0% de déchet. Sur une tonne de grain de blé vendue pour BioWanze, 47% seulement seront transformés en éthanol. 22% formeront le produit «ProtiWanze», cet aliment protéiné local destiné à l’alimentation des bovins et porcins, 12% du gluten, 4% un fertilisant organique (des cendres) et 3% des fibres de fourrage. Les 12% restant représentent le CO2 libéré lors des processus de combustion, celui-ci est dit « CO2 biogénique » car il est issu de combustibles récemment cultivés qui ont consommé du CO2. Une partie de ce CO2 est liquéfiée et stockée par une entreprise voisine, «Sol Group». Celle-ci redistribue jusqu’à 65.000 T de CO2 liquide par an pour divers usages (alimentaire, santé…).
La production principale, l’éthanol, s’élève à 300 millions de litres chaque année. On compte 60.000 tonnes de gluten, 420.000 tonnes de ProtiWanze, ce à quoi on ajoute les 15.000 T de son, qui apportent les fibres. 20.000 tonnes de cendres forment un fertilisant organique qui est réinjecté au monde agricole via des partenaires locaux.
En termes d’électricité verte, le site produit 180.000 Mwh chaque année grâce à la combustion de biomasse. Grâce à la cogénération, BioWanze est autosuffisante pour sa production électrique et calorifique et alimente la sucrerie voisine (Raffinerie Tirlemontoise) en électricité verte.
La visite du site
Lors de notre visite, nous avons pu nous rendre compte de l’ampleur du site. Avec ses 139 employés, ce dernier fonctionne avec la plus grande rigueur en matière de sécurité. Badge d’accès à l’entrée du site, port de lunettes et casque obligatoire, de même que le cheminement entre les différents postes via un sentier pédestre balisé.
Les équipements sont impressionnants et performants. La meunerie, où la transformation du blé se fait efficacement, avant le tamisage pour atteindre une farine la plus fine possible. Nous avons observé d’autres éléments comme les gigantesques fermenteurs, mais aussi la distillation qui dégage une odeur assez agréable. Il y a également sur le site deux impressionnantes chaudières biomasse qui permettent de produire l’énergie renouvelable pour le site. Cette visite nous a permis de bien comprendre comment l’entreprise transforme le blé en éthanol en inspectant chaque étape du procédé.
Des difficultés
Aujourd’hui, une obligation européenne requiert la mise à jour de la déclaration des valeurs d’émission provenant de la culture de matières premières pour biocarburant. Il faut donc mettre à jour les valeurs type «NUTS 2» dans chaque Etat membre. (NUTS est une nomenclature statistique commune des unités territoriales. Le niveau 2 correspond aux provinces). Ce travail est en cours en Belgique. Nos valeurs NUTS 2 réelles pourraient varier un peu selon, par exemple, la fertilisation organique et les distances de livraison.
De son côté, BioWanze attend ces valeurs pour pouvoir promettre à son client un pourcentage de CO2 évité grâce à ce produit. Pour cette année, ce seront hélas encore les valeurs par défaut.
D’autre part, la dernière loi belge vise à réduire la part de bioéthanol de première génération sans faire de distinction entre les bons (faibles risques CIAS) et les mauvais (risques CIAS élevé) biocarburants. L’acronyme CIAS correspondant à un éventuel changement indirect d’affectation des sols pour la demande de biocarburants.
Demain, BioWanze sera aussi soumis aux contraintes de la Directive Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et de la Directive sur la publication des informations en matière de durabilité par les entreprises (CSRD). La FWA sera contactée à ce sujet et sera ravie d’aiguiller les actions envisagées par l’entreprise.
Au service de notre agriculture wallonne
BioWanze s’inquiète du sentiment des agriculteurs à son égard. Conscients de proposer un débouché important pour le froment, une culture indispensable dans les rotations en Wallonie, les responsables du site aimeraient davantage communiquer sur leur activité en toute transparence. De son côté, le produit «ProtiWanze» n’a pas encore été soumis à l’intéressante question de savoir s’il augmente l’autonomie fourragère d’une exploitation, mais il est déjà évident que l’autonomie régionale s’en trouve améliorée.
Aujourd’hui, il faudrait pousser la filière de céréales à 12,5% afin de reprendre la part de marché qui est jusqu’alors réservée à l’Allemagne. Mais comme BioWanze ne peut pas assurer le contrat à un prix fixe, un tel scénario paraît encore prématuré…
L’objectif de BioWanze reste, malgré les contraintes, de maintenir un niveau de durabilité élevé grâce à l’utilisation d’énergie renouvelable, la valorisation d’un réseau d’approvisionnement court et de matières premières issues de l’agriculture locale.
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