CAP sur Budapest
Une histoire de conférence internationale sur la PAC
La semaine dernière se tenait une conférence internationale sur la PAC à Budapest. Cette conférence était organisée par la Chambre de l’agriculture hongroise dans le cadre de la présidence hongroise de l’Union européenne. Retour sur le programme chargé qui nous a occupées pendant 24h dans la capitale hongroise.
Virginie Debue
Conseillère PAC et mobilité agricole &
Ségolène Plomteux,
Conseillère en politique européennes
– CAP
Près de 100 personnes représentant plus de 50 organisations européennes venant de 26 pays se sont réunies début septembre à Budapest pour une grande conférence sur l’avenir de la PAC en Europe. La FWA été invitée à cette conférence d’envergure en tant que membre du COPA-COGECA. Au menu des 24 heures de réunion prévues, différents sujets importants comme le financement de la PAC, la durabilité et le renouvellement des générations. Un programme bien chargé auxquels s’ajoutent différents échanges avec nos homologues de différents pays européens.
Le contexte de la présidence hongroise
Brève remise en contexte. Depuis le 1er juillet, la Hongrie a pris les rênes de la présidence tournante du Conseil de l’Union. L’agriculture figurant dans les grandes priorités de la Hongrie pour ces six mois de présidence, il était donc indispensable pour ce pays d’organiser une conférence sur la PAC, en prévision du Conseil informel des ministres du 8 -10 septembre qui a abordé ce thème principal. En effet, comme cela nous a été déclaré par le ministre hongrois de l’Agriculture, l’agriculture européenne doit être centrée sur l’agriculteur et nous devons aller «vers une future politique agricole commune compétitive, résistante aux crises, durable, respectueuse des agriculteurs et fondée sur la connaissance». Ce genre de rencontre, organisée dans les états qui président le Conseil des Ministres de l’Union européenne sont des moments privilégiés pour échanger de façon moins formelle sur des nombreux sujets.
Le budget de la PAC et le revenu
Durant la conférence, les participants sont longuement revenus sur l’importance d’un budget approprié pour la PAC ainsi que sur l’importance d’une rémunération juste pour les agriculteurs. En effet, les agriculteurs et les coopératives présentes étaient unanimes pour affirmer que l’équité de la rémunération, ainsi que le budget agricole de l’UE, devraient être augmentés et adaptés aux défis que les exploitations doivent relever, en tenant compte de l’inflation, de la nécessité d’assurer la sécurité alimentaire et des objectifs ambitieux de la Politique agricole commune.
Un consensus s’est également dégagé sur le fait que les agriculteurs et les coopératives devraient être mis sur un pied d’égalité avec les producteurs des pays tiers. En effet, dans un contexte où l’Union européenne négocie de nouveaux accords de libre-échange avec des pays d’autres parties du monde, les règles de l’UE devraient également s’appliquer aux produits des pays tiers et à leur production. L’Union européenne, grand exportateur en matière agroalimentaire, est aussi un marché convoité par les exportateurs dont les standards de production sont moins stricts que les nôtres. L’enjeu est de préserver une concurrence loyale pour les producteurs européens et de replacer le rôle de la PAC dans cet enjeu.
La durabilité
Un autre enjeu incontournable de la prochaine PAC est l’inclusion de la durabilité dans celle-ci. Beaucoup de responsables autour de la table ont souligné l’importance de mettre en avant les efforts environnementaux déjà mis en place par les agriculteurs européens. En effet, il est nécessaire de communiquer vers le grand public les efforts déjà réalisés par l’agriculture européenne pour l’environnement.
Mais dans la durabilité, il y a trois piliers. L’environnement, l’économie et le social. Il est donc indispensable de travailler sur ces deux autres piliers. Les manifestations du début de l’année ont montré qu’il y avait une forte préoccupation des agriculteurs sur la question du revenu. Il sera nécessaire de garder en tête que la durabilité n’est pas uniquement une question d’environnement, mais également d’équilibre avec les deux autres piliers pour avoir une agriculture réellement durable au sein de l’Union européenne.
Renouvellement des générations
Le renouvellement des générations est la thématique qui a fait le plus réagir les participants à la conférence. Ce qui est logique car il s’agit d’une problématique qui malheureusement tous les pays. Plusieurs pays ont évoqué que leur système éducatif évoluait pour renforcer les diplômes agricoles avec, par exemple, la formation des professeurs aux nouveaux enjeux du monde agricole, une refonte des programmes de cours pour correspondre au mieux à la réalité de terrain.
Un autre point évoqué est la communication au niveau du grand public et via les médias. En effet, avoir une communication positive dans les médias semble motiver les jeunes à créer des vocations et à s’engager dans l’agriculture. Diffuser une image positive du métier dans les médias permet aux jeunes qui souhaitent commencer ou reprendre une activité agricole de ne pas se sentir stigmatiser. Il existe déjà des émissions qui mettent en avant des agriculteurs dans les médias pour montrer le travail très important des agriculteurs pour notre société.
Conclusion de l’escapade
Le but de cette conférence n’était pas de prendre de grande décision sur la PAC, mais plutôt d’entendre les positions de chacun sur l’avenir de la PAC et de l’agriculture européenne de façon générale. Cette conférence a permis de se rendre compte qu’il y aura beaucoup d’éléments à définir pour la future PAC. Le chemin est encore long, mais nous vous tiendrons informer de chaque avancé au cours de ce processus qui s’annonce long et sinueux.
Toute l’information agricole directement dans votre boîte aux lettres ?