De leurs dégâts, les ratons s’en lavent les mains
Provinces de Namur et de Luxembourg
Classé comme espèce exotique envahissante en Europe, le raton laveur a fait son apparition en Belgique dans les années 80’s. Depuis, il ne cesse de proliférer, à tel point que les estimations faisaient état de 70.000 individus sur notre territoire en 2023. Dernièrement, une conseillère Ecolo de Ciney a sollicité les autorités communales pour endiguer une prolifération problématique qui touche tout le monde, en ce compris les agriculteurs!
Ronald Pirlot

Il est de bon ton de laver son linge sale en famille. Mais trop, c’est trop. Dès lors, quand il s’agit de dénoncer les ravages provoqués par les ratons laveurs, dont la prolifération semble échapper à tout contrôle, la discrétion n’est plus de mise. C’est pourquoi la conseillère Ecolo de Ciney, France Masai a choisi, lors de la dernière séance du conseil communal local, de sortir du bois pour dénoncer les dégâts enregistrés par les particuliers de son village. En cause, les méfaits commis par le raton-laveur. «Il s’est attaqué à mes poules. En parlant autour de moi, j’ai constaté que de nombreuses personnes de mon village étaient concernés par les nuisances de cet animal qui s’avère particulièrement intelligent et qui ne possède pas de prédateur» commente la conseillère Ecolo. D’où sa sortie au conseil pour requérir auprès des autorités locales une concertation avec le DNF (Département nature et forêt) pour efficientiser leur régulation. «Et peut-être entrevoir une démarche communale d’achat de cages pour capturer ces animaux. Cages qui seraient mises à disposition des particuliers moyennant le versement d’une caution». Mais aussi via une communication invitant les habitants à adopter les bons gestes afin de se prémunir de ce genre de désagréments et ainsi les éloigner les individus, peu farouches, des foyers. Cela va du retrait de la nourriture pour chats placée à l’extérieur de l’habitation à l’accessibilité aux poubelles, en passant par la couverture des composts et une protection accrue des poulaillers.
Le maïs très prisé
Les particuliers ne sont pas les seuls visés par le raton laveur. De nombreuses fermes doivent également déplorer la prolifération de cette espèce, comme en témoigne Antoine Bleret, agriculteur à Bertogne. «Le raton laveur est une espèce particulièrement friande de maïs. Il s’attaque aux boules de préfanés et d’ensilage de maïs, dont il déchire les plastiques. Il rentre également dans les étables, va y retourner les rations alimentaires des bovins à la recherche là aussi du maïs. Et il n’hésite pas à faire au passage ses déjections, particulièrement vectrices de maladies, dans la nourriture des bovins, avec ce que cela comporte de risques de transmission… » déplore Antoine. Et puis il y a également les dégâts engendrés dans les champs de maïs, le raton laveur se délectant des carottes. De sorte que, chaque année, les dégâts ne cessent de croître. «Le problème une fois encore, c’est que cette espèce invasive ne possède pas de prédateur. De sorte qu’il n’y a que la capture qui peut mettre un terme à leur prolifération» ajoute Antoine, qui exhorte la Région wallonne à intensifier ses efforts en la matière.
«Il convient d’adopter une attitude responsable face à ce problème qui attente non seulement au confort des particuliers, mais qui présente des enjeux importants, qu’ils soient financiers pour les agriculteurs, ou en matière de biodiversité comme le démontre un témoignage que j’ai reçu faisant état de la destruction par un raton laveur d’un nid où nichaient des cigognes noires». Lequel, en attendant et profitant allègrement de l’image attendrissante qu’il véhicule, se lave les mains de tous les désagréments qu’il peut causer.
Toute l’information agricole directement dans votre boîte aux lettres ?