Des attentes et des défis… désormais à concrétiser
Dossier Libramont 2024
On a coutume de dire que Libramont, c’est un peu la trêve des confiseurs, version agricole. Sept mois après un début d’année particulièrement musclé sur le front des revendications, les sourires étaient de mise, boostés par la nomination de la Ministre Anne-Catherine Dalcq. Laquelle jouit d’un grand capital sympathie à l’entame d’un mandat marqué par les attentes et les défis… Le premier étant d’ordre climatique, comme le rappelle cette année particulièrement pluvieuse… qui a mis fortement à mal les rendements céréaliers. Comment, dans ce contexte climatique, entrevoir l’agriculture de demain?
Ronald Pirlot

La séance inaugurale présentée par Léonard Théron avec Clotilde de Montpellier et Hervé Pillaud
Pour débattre de cette question au centre de la séance inaugurale de la Foire, les organisateurs ont convié quatre orateurs, dont trois spécifiquement du monde agricole: Hervé Pillaud, agriculteur en Vendée auteur du livre Vers un monde sans faim – L’agriculture, là commence notre futur, Clotilde de Montpellier (fondatrice de Farm for good) et Nicolas Perreaux (vétérinaire au sein d’En direct de mon élevage). Un futur obligé de concilier a priori l’inconciliable: réparer la planète… tout en assurant l’alimentation de 8 milliards d’individus.
L’innovation comme solution…
Pour les orateurs, la réponse doit venir de l’innovation technologique et agronomique. Hervé Pillaud plaide pour les nouvelles technologies (big data, intelligence artificielle et biotech), à condition qu’elles viennent en appui de l’agriculteur, et non le remplacent. «Le besoin de nourrir va de pair avec la liberté d’entreprendre, l’audace, la crédibilité… L’homme a toujours innové pour se nourrir».
L’innovation est également citée par Clotilde de Montpellier, mais plutôt de nature agronomique et par le biais de l’expérimentation de terrain, selon le principe des essais-erreurs. «Nous devons démontrer que nous sommes soudés, quel que soit le modèle, autour d’une ambition commune de nature à rassurer le consommateur: travailler ensemble sur le principe de durabilité. Il faut oser dépasser les idées reçues, changer de paradigme et voir ce que chacun peut apporter pour une agriculture plus résiliente».
Un avenir qui ne se fera pas sans les consommateurs locaux. Encore faut-il, pour accéder aux opportunités offertes par les cuisines collectives (cantines scolaires, maisons de repos…) changer les règles concernant les marchés publics, actuellement axées sur le prix. «Voulons-nous continuer à nourrir, via les cantines, nos enfants au plus bas prix, ou privilégier les critères de qualité et de proximité?» questionne Nicolas Perreaux.
«C’est ce qui se passe chez nous, dans les régions françaises, avec les projets alimentaires territoriaux. Un concept qui commence à bien marcher. On peut aller plus loin via la responsabilisation territoriale des entreprises, car consommer local est un devoir citoyen» réagit Hervé Pillaud.
… et la concertation comme méthode
Un discours prononcé devant la majorité des membres du nouvel exécutif wallon (seules manquaient les Ministres Jacqueline Galant et Cécile Neven). Preuve de l’importance de l’agriculture au sein de celui-ci. Mais surtout de la volonté du Gouvernement d’être à l’écoute du secteur. «Le monde agricole est à la croisée des défis, dont celui du renouvellement des générations. Or, vous êtes les plus à même d’y répondre et vous êtes les partenaires du Gouvernement. Nous voulons vous écouter, dialoguer et co-construire avec vous» commente Adrien Dolimont, le Ministre-président, qui a également réaffirmé sa volonté de mettre fin à l’agribashing.
La Ministre Anne-Catherine Dalcq lui a succédé sur l’estrade, énumérant ses priorités : l’accès au foncier, la simplification de la PAC, la promotion des innovations technologiques et agronomiques. «Souvent on oppose nature et technologie, ce n’est pas mon cas !» Et de conclure: «Je suis ici pour vous. Je sais que j’ai pris peut-être un risque, mais je souhaite agir pour que dans 5, 10, 20 ans, il y ait toujours des agriculteurs qui permettent de manger demain. Ensemble, nous pouvons relever les défis et bâtir cet avenir prospère et durable pour les agriculteurs de Wallonie».
Place désormais aux actes…
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