FCO-3: les élevages laitiers également durement impactés

Dossier FCO-3

Si la fièvre catarrhale ovine (FCO) tient des ovins son nom, elle touche l’ensemble des ruminants domestiques (bovins, ovins et caprins) et sauvages. Depuis le début de l’épidémie du stéréotype 3 qui touche actuellement nos élevages, les bovins ne sont pas épargnés. Parmi eux, les vaches laitières – et leurs éleveurs – sont durement impactées par la maladie.

Anne-Laure Michiels

vaccination

©Björn Wylezich

Du côté d’Estinnes, dans la Province de Hainaut, Olivier Mariscal dispose actuellement d’un troupeau laitier de 55 vaches. C’est dès le début du mois d’aout qu’il constate les premiers symptômes de la maladie sur ses bêtes : « nous avons vacciné début aout mais les premiers symptômes sont apparus quelques jours après la première dose du vaccin. Sur l’ensemble du troupeau, nous avons eu 2 bêtes dont l’état clinique a nécessité qu’elles soient médicamentées. Pour les autres, leur état ne l’a pas nécessité mais la santé générale du troupeau n’est pas bonne. Les bêtes ne circulent plus autant dans l’étable, elles ne sont pas accablées mais elles ne sont pas en forme non plus. Mais je ne me plains pas, j’entends des collègues envoyer des bêtes au clos. »

Chute de production et de rentabilité

Qui dit vaches malades, dit forcément chute de la production de lait… « Sur les 55 vaches traites pour l’instant, je dirais qu’environ 50% d’entre elles connaissent une baisse de production entre 5 et 10 kilos de lait, voire jusqu’à 15 pour certaines. Je pense que ça commence tout doucement à se rétablir car on passe le cap du pic infectieux » explique Olivier Mariscal. « La laiterie de son côté ne m’a pas contacté suite à la baisse de production, mais ils sont bien au fait de la situation générale de l’épidémie. Le chauffeur qui effectue la collecte m’a d’ailleurs affirmé qu’ils supprimaient des tournées » conclut l’éleveur. Une chute de production loin d’être anodine, entraînant une baisse de rentabilité – dont les marges peuvent déjà être fines – comme le relate Olivier : « même si le prix du lait finit par monter, il faudra plusieurs mois pour récupérer le manque à gagner causé par l’épidémie. »

Gestations et lactations perturbées

« On tirera les conclusions définitives des conséquences de la FCO dans quelques mois seulement » entame Olivier. « Tous mes vêlages du début du mois de septembre sont déjà finis ! (ndlr: propos recueillis le 27/08/2024) » s’exclame l’éleveur hennuyer avant de continuer : « les bêtes ont vêlé avant terme, les veaux sont petits et fragiles et le démarrage de lactation est catastrophique pour ces bêtes-là… On verra dans quelques mois comment les prochaines gestations arriveront à leur terme et comment les suivantes vont démarrer. Espérons que tout le monde puisse s’en remettre et qu’on puisse obtenir un geste des autorités aussi. »

Un coup dur pour les éleveurs

Au moral des éleveurs, cette nouvelle épidémie assène un nouveau coup : « Comme on se le disait avec un collègue au téléphone, ce n’est pas gai de se lever le matin quand on sait qu’on va dans l’étable et qu’on va voir l’état des bêtes, qu’on y passe un temps fou pour les soigner sans pouvoir y faire grand-chose de plus » confie Olivier. Mais « il fait toujours beau au-dessus des nuages comme dit Zaho De Sagazan » conclut notre éleveur, au ton néanmoins optimiste.

Communiquer plus directement

Enfin, de son côté, l’éleveur regrette le côté tardif de l’alerte de la part des autorités : « c’est vrai qu’on entendait parler de ce virus depuis un moment. Les vétérinaires auraient sans doute dû être plus réactifs mais je trouve que les alertes officielles n’ont pas été émises suffisamment tôt et de façon assez percutante. Surtout cette année, à cause des conditions climatiques compliquées, nous avons eu beaucoup le nez dans le guidon sans pour autant avoir le temps de consulter la presse écrite. Un sms ou un email aurait probablement été plus efficace pour alerter les éleveurs, voire même les réseaux sociaux. »

 

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