Langue bleue: explosion des contaminations
la seule protection efficace reste la vaccination!
Depuis le premier cas de FCO sérotype 3 en Belgique il y a moins d’un an, la situation s’est fortement aggravée ces dernières semaines sur l’ensemble du territoire. Les conséquences de ce virus sont graves, aussi bien en élevage ovin qu’en élevage bovin. Face à cette maladie, la seule protection efficace reste la vaccination!
Thomas Demonty
Responsable Productions animales
Conseil, Analyse et Politique (FWA)

C’était l’histoire d’une catastrophe annoncée. Aujourd’hui, nous sommes en plein dedans malgré les efforts de communication et de prévention. En quelques semaines, le nombre de foyers de FCO a explosé en Wallonie et en Belgique, et ce tant dans les élevages de moutons que de bovins. Les chèvres sembleraient moins affectées.
Peu de recul
Le premier cas de FCO sérotype 3 en Europe est apparu en septembre 2023. Un mois plus tard, un premier cas était détecté dans le nord de la province d’Anvers. Sur l’automne, le nombre de contaminations en Belgique était resté très limité en raison de différents facteurs. Notamment la baisse des températures qui a réduit l’activité des Culicoïdes (moucherons) vecteurs de la maladie, mais aussi la direction des vents dominants qui ont poussé ces moucherons vers le Nord-Est de l’Europe. Ce n’est que depuis mi-juillet, avec la hausse des températures, et donc la reprise de l’activité des Culicoïdes, que le nombre de foyer a explosé en Wallonie. Considérant la nouveauté de ce problème en Europe, le recul sur les conséquences semble relativement limité.
Néanmoins, les Pays-Bas ont été très durement touchés depuis septembre 2023. À l’heure actuelle, nos voisins du nord comptabilisent plus de 4.500 foyers touchés.
La triste expérience des Pays-Bas
Suite aux contaminations très importantes depuis septembre 2023 aux Pays-Bas, nous connaissons maintenant les premiers chiffres de mortalité. Et ils ne sont pas joyeux… Les ovins constituent le groupe le plus touché par la maladie et la mortalité peut atteindre 30 à 40%. Les moutons qui n’en meurent pas sont néanmoins extrêmement diminués par cette maladie (fièvre, boiterie sévère, abattement…)
Chez les bovins, ce n’est pas la joie non plus. Les Pays-Bas ont enregistré une mortalité de 1 à 2 fois plus élevée chez les bovins laitiers, et jusqu’à 3 fois plus élevée chez les bovins viandeux atteints par rapport aux animaux non-atteints.
Face à l’ampleur des événements, les autorités sanitaires néerlandaises ont aussi mené une étude de prévalence via la recherche d’anticorps dans le lait de tank afin d’estimer la proportion du cheptel ayant été frappée par la maladie ou vaccinée. Ce taux de prévalence ne s’élevait en juin qu’à 23% du cheptel laitier. Ce qui signifie que 77% du cheptel est toujours non protégé contre le virus…
Conséquences économiques lourdes
Outre la mortalité, synonyme de perte sèche, les avortements et la baisse de production, notamment en élevage laitier, ne sont pas négligeables. Ainsi, les Néerlandais estime la perte de production moyenne à 1,5 litre de lait par jour sur une période de 10 à 12 semaines. Soit au minimum une perte totale de 100 litres de lait par animal atteint!
La proportion d’avortements liés au sérotype 3 de la FCO n’est pas encore connue, même si le nombre d’avortements a fortement augmenté. Sur base de la dernière épidémie de FCO en 2007 (sérotype 8), il est estimé que 15% des brebis belges infectées ont avorté et que la fertilité (nombre de brebis pleines/nombre de brebis mises à la reproduction) a baissé de 30 à 50% en Belgique. Une étude française montre également un taux d’avortement de 15% chez les bovins. Comme chez les moutons, la fertilité globale des bovins est également impactée, ce qui s’est notamment traduit en 2007 par un allongement de l’intervalle vêlage-vêlage d’environ 80 jours.
Analyses gratuites via l’AFSCA
En cas de suspicion, l’Afsca prend en charge le coût des analyses effectuées chez Sciensano, à condition que les critères suivants soient respectés :
– Au maximum, 3 animaux suspects peuvent être échantillonnés ;
– Le vétérinaire effectue une prise de sang et prélève un tube sec et un tube EDTA par animal pour un test sérologique et un test virologique ;
– Le formulaire de demande d’analyse de Sciensano doit être complété ;
– Le vétérinaire doit remplir le formulaire de déclaration obligatoire et l’envoyer, signé, à l’ULC.
L’Arsia conditionne les échantillons et se charge de leur transfert chez Sciensano pour un traitement prioritaire.
La vaccination est disponible depuis juin
Face à ce nouveau sérotype, de nouveaux vaccins ont été développés par différentes firmes pharmaceutiques. Si l’on peut regretter que ce vaccin ne soit pas couplé avec le vaccin contre les sérotypes 4 et 8, il reste important de vacciner. C’est la seule mesure efficace de protection contre les conséquences du virus qui, sinon, fera encore beaucoup de dégâts dans les élevages wallons.
Les premiers vaccins ont été mis sur le marché en mai. Un mois plus tard, nous pouvions les utiliser en Belgique via des procédures d’autorisations accélérées. Aujourd’hui, 3 vaccins ont reçu une autorisation d’utilisation de la part des autorités sanitaires belges. Les vétérinaires savent donc se les procurer via leurs grossistes. Attention également à bien renseigner les numéros de boucle des animaux vaccinés, même si c’est parfois compliqué.
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