Le Conseil européen approuve les postes clés de l’Union
Une histoire de postes clés à l’UE
Les chefs d’état et de gouvernement se sont mis d’accord pour reconduire Ursula von der Leyen en tant que présidente de la Commission européenne. D’autres postes clés ont été pourvus comme celui de la présidence du Conseil européen, qui succédera à Charles Michel.
Ségolène Plomteux,
Conseillère en politiques européennes
Conseil, Analyse et politique (CAP)

Kaja Kallas (première ministre d’Estonie), Charles Michel (président du Conseil européen), Ursula von der Leyen (présidente de la Commission européenne)©European Union
Ce jeudi 26 juin s’est tenu le premier Conseil européen réunissant les chefs d’état et de gouvernement européens depuis les élections européennes de début juin. Le Conseil européen est souvent considéré comme la plus haute institution de l’Union européenne (UE), car il fixe les grandes lignes directrices de l’UE. En outre, il nomme le président de la Commission européenne ainsi que le chef de la diplomatie. Lors de ce conseil, il a aussi élu son nouveau président.
Approbation pour Ursula von der Leyen
Sans surprise pour personne à Bruxelles, Ursula von der Leyen a été approuvée par le Conseil pour reconduire son mandat en tant que présidente de la Commission européenne. Depuis les résultats des élections, elle n’avait aucun réel concurrent direct, son parti (Parti populaire européen (centre droit)) étant resté le plus grand groupe politique au sein du Parlement européen.
Toutefois, sa candidature doit encore être confirmée par le Parlement européen lors de sa première session plénière le 17 ou 18 juillet prochain, par une majorité absolue, soit 361 voix. Pour assurer sa reconduction, Ursula von der Leyen a déjà commencé à s’entretenir avec les présidents des deux autres grandes forces du Parlement européen, Iratxe Garcia pour le S&D (le groupe social-démocrate) et Valérie Hayer pour Renew (les libéraux).
Constitution du collège des commissaires
Après l’attribution de la présidence de la Commission, il faut constituer le collège des commissaires, sorte de gouvernement européen composé d’une personne issue de chaque État membre. Ce sont ces derniers qui proposent une ou deux personnes, préférablement un homme et une femme. La présidente (vraisemblablement) répartit ensuite les portefeuilles de compétences entre les 26 personnes désignées.
Plusieurs États ont déjà communiqué leur préférence pour un candidat, comme la France où Emmanuel Macron a exprimé son souhait de désigner à nouveau Thierry Breton, commissaire au marché intérieur lors de la dernière législature. Le nom de Michael McGrath, actuel ministre des Finances, est évoqué pour représenter l’Irlande. Quant à la Belgique, aucun nom n’est encore ressorti pour succéder à Didier Reynders, commissaire à la justice. Les commissaires désignés devront passer des auditions devant le Parlement européen qui acceptera (ou non) leur nomination. Cette procédure devrait se dérouler à la rentrée pour que la Commission européenne entre en fonction avant la fin de l’année.

Christiane Lambert (présidente COPA), Patrick Pagani (secrétaire député), Elli Tsiforou (Secretaire général Copa-cogeca), Lennart Nilsson (président COGECA)©Copa-cogeca
Le remplaçant de Charles Michel
Le Conseil européen devait également désigner son nouveau président pour succéder à Charles Michel. L’ancien premier ministre du Portugal, Antonio Costa (S&D), a été choisi pour la période allant du 1er décembre 2024 au 31 mai 2027. À 62 ans, son profil modéré, alliant les valeurs classiques de la social-démocratie et une approche orthodoxe de l’économie, a su convaincre les Vingt-Sept.
Kallas à la tête de la diplomatie
Le poste de haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité sera crucial dans cette mandature, avec les nombreux enjeux géopolitiques pour l’Union européenne. Ce poste, chef de la diplomatie européenne et vice-président de la Commission européenne, a été attribué à la première ministre estonienne Kaja Kallas (Renew). C’est la première fois qu’un(e) premier(ière) ministre en fonction occupe ce poste, succédant au socialiste espagnol Josep Borrell.
Présidence du Parlement européen
Le dernier «top job» à pourvoir lors de ce début de mandature est celui de la présidence du Parlement européen. La reconduction pour deux ans et demi de la Maltaise Roberta Metsola (PPE) ne laissait que peu de place au suspense. Elle devra néanmoins être formellement acceptée le 16 juillet prochain, mais cette étape n’est qu’une formalité.
Réception de ces accords
Ces accords sur les postes clés sont reconnus par plusieurs observateurs comme respectant plusieurs équilibres. Premièrement, celui du genre. Deuxièmement, un équilibre géographique puisque ces personnalités viennent des quatre coins de l’Union européenne, de pays fondateurs ou plus récents, petits comme grands. Troisièmement un équilibre des forces politiques avec des représentants des trois principaux partis du Parlement européenne: Parti Populaire Européen (centre droit, premier parti), Sociaux-Démocrates (deuxième parti) et Renew Europe (parti libéral).
Ce dernier point n’est cependant pas partagé par tout le monde puisque Giorgia Meloni, la première ministre italienne, a déploré les négociations préliminaires au Conseil européen entre les forces centristes (le PPE, première force, le S&D deuxième et Renew quatrième au Parlement européen), excluant ainsi son groupe politique. Les conservateurs et réformistes (CRE), qui sont devenus la troisième force politique européenne, auraient dû, selon elle, se retrouver dans ces postes clés.
Enfin, selon les observateurs, l’entente entre les acteurs principaux de l’Union européenne devrait aider à l’efficacité du travail au sommet de l’Union, que ce soit entre la présidente de la Commission et le président du Conseil dont les tensions étaient notoires, que de l’autre côté, avec la haute représentante de l’Union qui partage la même vision sur l’aide à l’Ukraine et la défense que la présidente de la Commission.
Zoom FWA
Une nomination bénéfique pour le secteur agricole?
La nomination d’Ursula von der Leyen pourrait être bénéfique pour le secteur agricole si elle décide de poursuivre le dialogue et le changement de paradigme instauré depuis janvier, lors du dialogue stratégique pour l’avenir de l’agriculture européenne, en privilégiant la concertation plutôt que l’approche «descendante» de la Commission, souvent critiquée.
Agenda stratégique du Conseil européen
Le Conseil européen fixe également les grandes orientations de l’UE. Lors de cette première réunion, il a publié son «agenda stratégique 2024-2029» pour la nouvelle législature. Ce document, sorte de clé de voûte de l’action européenne, influencera les négociations budgétaires du prochain cadre financier pluriannuel. Bien que le Green Deal et la stratégie agroalimentaire «de la ferme à la fourchette» ne soient pas mentionnés, l’UE s’engage à promouvoir «un secteur agricole compétitif, durable et résilient, qui continue d’assurer la sécurité alimentaire», marquant un changement par rapport à la dernière législature.
Focus sur la Hongrie
Le 1er juillet marquait la passation de la présidence du Conseil des ministres de l’UE de la Belgique à la Hongrie. L’État bohême a choisi le slogan «Make Europe great again», référence au slogan de Donald Trump. Bien que le ministre des Affaires étrangères hongrois ait assuré que «nous agirons en tant que médiateur impartial, en toute loyauté avec l’ensemble des États membres», les appréhensions subsistent à Bruxelles en particulier sur les questions du respect de l’état de droit.
La veille de prendre la main sur la présidence, le premier ministre hongrois Viktor Orban a fait part de son intention de créer un nouveau groupe politique au sein du Parlement européen. Le parti Fidesz du président ne faisait partie d’aucun groupe politique depuis qu’il avait quitté le PPE en 2021. Une alliance pourrait donc se créer avec le parti d’extrême droite autrichien FPÖ et le mouvement centriste de l’ex-premier ministre tchèque, réunissant les «Patriotes pour l’Europe». Ils plaident pour une vision différente, contre le soutien militaire de l’Ukraine, contre «l’immigration illégale» et pour «la famille traditionnelle». Des valeurs qui ne sont pas sans rappeler le programme du Rassemblement national qui est arrivé en tête le même jour du premier tour du scrutin législatif français, mais qui fait déjà partie d’un groupe politique (ID). Ils devront trouver des alliés dans quatre autres États membres pour être formellement reconnus.
Elli Tsiforou, nouvelle Secrétaire Générale du COPA-COGECA
Un vent de renouveau souffle dans les hautes sphères de l’Union européenne. En plus des changements dus aux élections européennes, la Grecque Elli Tsiforou a été formellement désignée comme nouvelle Secrétaire Générale du COPA-COGECA suite à la démission en février dernier du Finlandais Pekka Pesonen. Elle a été ovationnée par les présidents des organisations membres du COPA-COGECA le jeudi 27 juin. Un chassé-croisé nord sud qui fait déjà suite à la passation de pouvoir à la présidence de la COGECA, représentant les coopératives agricoles au niveau européen de Ramon Armengol (espagnol) à Lennart Nilsson (suédois), préfigure également la fin du mandat de Christiane Lambert en septembre prochain et l’élection de son successeur.
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