Le lombricompost
une solution agronomique alternative
Les vers de terre sont abondants dans nos sols et ils offrent de nombreux services à l’agriculteur. Avec ses produits issus de la digestion des vers de terre, la société Pur Ver innove en proposant une solution naturelle pour booster le rendement des grandes cultures.
Lucie Darms, Conseillère Air-Climat, Energie, Recyclage, Agroécologie et Apiculture

Penchons-nous quelques instants sur nos auxiliaires les plus écologiques et économiques, j’ai nommé: les vers de terre. Ces spécimens qui forment l’un des groupes les plus importants de la macrofaune du sol jouent un rôle majeur dans les écosystèmes agricoles.
Le saviez-vous?
Une petite recherche littéraire nous indique que le poids vif des lombriciens représente plus de la moitié de la masse totale des animaux terrestres. On retrouve de 5 à 400 grammes de vers de terre par mètre carré de terre agricole (Gatineau, 2018).
Quand les observer dans nos sols?
Les périodes d’observation doivent correspondre à l’activité optimale des vers de terre. Sachant qu’ils sont inactifs dans les sols secs et gelés (Lerchs Salazar, 2014) et actifs dans un sol frais mais ressuyé, on conseille de les observer de janvier à mi-avril en Wallonie.
Quel lien entre les pratiques agricoles et leur cycle?
La lenteur des taux de reproduction des populations de vers de terre est une inquiétude en cas de changement de gestion de pratiques agricoles (Roarty and Schmidt, 2013, cité par Stroud, 2019). Chez les vers de terre anéciques par exemple (comprenez «vers de terre de galeries verticales»), 8 cocons sont produits par ver de terre et par an, avec une durée de développement de 60 semaines (Edwards and Bohlen, 1996). Chez les épigés (comprenez «vers de terre de surface») par contre, c’est une autre stratégie, avec un cocon tous les 3 jours.
D’où vient leur vertu d’«enrichisseur»?
Les vers ingèrent des quantités considérables (plus ou moins 50% de leur poids/jour pour les épigés) de terre et de déchets organiques. Leurs déjections, nommées turricules, sont riches : elles contiennent plus d’éléments minéraux que la terre environnante. Les quantités sont multipliées par des facteurs 2-3, 4-5, 6-7 et 10-11 pour respectivement le magnésium échangeable, l’azote, le phosphore disponible et le potassium échangeable. Cela a une grande influence sur l’augmentation de la biodisponibilité des éléments minéraux (PROSENSOLS, n.d., a; Sheperd et al., 2018).

Comment «exporter» leur travail dans nos champs?
Grâce au lombricompostage et notamment à Pur Ver. Créée en 2012, au sein de Gembloux Agro-biotech, et installée à Pecq dans la ferme de Aude et Stéphane Cossement, Pur Ver a pour vocation de développer des solutions agronomiques naturelles, efficaces et durables issues du lombricompostage.
Une entreprise en pleine croissance
Après quelques années consacrées à la mise au point du processus de production, une première unité de production voit le jour en 2016. Un responsable recherches, développement et production, docteur en biologie, est alors recruté afin de veiller sur les vers et de prendre en charge le développement de produits et les tests agronomiques. Si certains de ceux-ci sont réalisés sur l’exploitation, Pur Ver fait valider l’efficacité de ses produits par divers partenaires, dont notamment le Carah à Ath, l’UCLouvain, le CRA-W, le CIM (le centre interprofessionnel maraîcher), ainsi que d’autres centres de recherches (dont Inagro en Flandre). Ces nombreuses relations permettent de convaincre de plus en plus d’agriculteurs, mais surtout de démontrer l’efficacité des produits sur différentes cultures.
En 2019, une seconde unité de production est construite et a permis de tripler la capacité de production. Depuis 2020, Pur Ver réoriente sa stratégie commerciale afin de cibler le marché agricole. Si l’activité ciblait au départ essentiellement les jardineries et les maraîchers, Pur Ver a depuis pris conscience du potentiel de ses produits en grandes cultures.
Un processus complètement naturel
Le lombricompost est le résultat de la digestion de matières d’origine exclusivement végétale par des vers composteurs. C’est une véritable solution «couteau suisse» à même de répondre à différents besoins des plantes: il contient des acides humiques, des oligo-éléments, des phytohormones (notamment de l’auxine), un cocktail de micro-organismes (plus de 7.200 espèces de bactéries différentes, ainsi que près de 1.500 espèces de champignons) qui vont d’une part aider la plante à se développer en amenant de la vie dans le sol, et d’autre part aider le sol à se restructurer. Le processus de production du lombricompost est complètement naturel et dure de 4 à 5 mois.
L’alimentation des vers de nature, composée notamment de drèches de brasserie et de poussières de lin, maintient une qualité constante grâce à un travail en intérieur. Toutes les matières premières sont testées préalablement à toutes utilisations car il est primordial que les vers puissent survivre et se reproduire dans leur milieu.
En fin de processus, le produit est récolté, séché et tamisé pour obtenir un produit fini fluide facile à utiliser et inodore. Si le produit solide est actuellement vendu en sacs, big bags ou en vrac, l’entreprise travaille à le rendre disponible prochainement sous la forme de pellets pour les secteurs agricoles et maraichers.
Le Green Booster, l’extrait liquide
Pur Ver a également développé un biostimulant à destination du secteur agricole, en partenariat avec le Carah (Centre agronomique de la province de Hainaut). Un procédé d’extraction a été mis au point afin d’obtenir les propriétés de son lombricompost sous forme liquide. Filtré à 100 microns, le produit est compatible avec tous les pulvérisateurs.
Des essais en froment, chicorée, betterave, lin et pomme de terre montrent des effets très positifs, en micro-parcelles, mais également en plein champ, et il est autorisé en agriculture biologique, conformément au règlement CE 2018/848.
Des rendements boostés en pommes de terre
Stéphane Cossement, agriculteur, a directement été séduit par le projet Pur Ver. Il y joue un rôle multiple: il héberge l’entreprise, mais assure également la supervision technique des installations. De par son rôle d’agriculteur, il en est aussi devenu le premier utilisateur. Un partenariat fondamental qui permet d’une part de bien comprendre les contraintes auxquelles un agriculteur est confronté, et, d’autre part, d’échanger sur les difficultés respectives des deux parties.
Pour Stéphane, le Green Booster a ceci de particulier qu’il peut aussi bien s’utiliser chez le particulier que sur les grandes cultures. «Nous ne nous étions jamais intéressés au marché agricole car le lombricompost était plus difficile à épandre, au bon dosage. La forme liquide simplifie grandement son utilisation. L’entreprise s’est focalisée sur plusieurs cultures dont celles du froment et de la pomme de terre.» Aujourd’hui, ils réalisent des tests sur d’autres cultures.
Des résultats probants en pommes de terre
En pommes de terre, les résultats sont probants en termes de rendement (+5 à 10%) et en répartition de taille (augmentation de la proportion de gros calibres). La croissance des tubercules est stimulée. Deux applications de 20L/ha sont également recommandées: le premier traitement à la formation des tiges (BBCH 20, généralement six semaines après la plantation), le second au début de la formation des tubercules (BBCH70, stade crochet).
Pour tout conseil ou avis scientifique, il est possible de contacter Pur Ver au 0478/62.89.35 ou info@purver.com.
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