Le recours aux antibiotiques a diminué
de 62% en 13 ans!
En cette fin juin, l’AMCRA a publié son baromètre annuel. Il faut pouvoir le reconnaitre, les résultats sont (très) bons. Néanmoins, la vigilance reste de mise dans certains secteurs et les animaux de compagnie doivent aussi jouer le jeu contre l’antibiorésistance.
Thomas Demonty, coordinateur pôle animal
Conseil, Analyse et Politique

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L’AMCRA est le centre de connaissances concernant l’usage d’antibiotiques et l’antibiorésistance chez les animaux en Belgique. Il est responsable de la collection des données d’utilisation de le l’émission de recommandations et d’objectifs de réduction. Voici ce qu’il ressort du bilan de l’année 2023.
L’antibiorésistance
Les antibiotiques sont des molécules utilisées afin d’empêcher et traiter les infections causées par des bactéries. La résistance aux antibiotiques survient lorsque les bactéries évoluent en réponse à l’utilisation excessive de ces médicaments.
Ce sont donc les bactéries, et non les êtres humains ou les animaux, qui deviennent résistantes. Ces bactéries résistantes aux antibiotiques peuvent alors provoquer chez l’homme ou l’animal des infections plus difficiles à traiter que celles dues à des bactéries non résistantes. Ceci provoque une hausse des dépenses médicales, une prolongation des hospitalisations et une augmentation de la mortalité.
La résistance aux antibiotiques constitue aujourd’hui l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale. En 2015, le nombre de décès liés à l’antibiorésistance s’élevait à 5.500 cas en France. Ce nombre pourrait atteindre 238.000 décès d’ici 2050. Or l’antibiorésistance ne connaît pas de frontière…

Bilan 2023 positif
La vente totale d’antibiotiques chez les animaux en Belgique a fortement diminué en 2023 (-1,7 % par rapport à 2022). La réduction globale depuis 2011, l’année de référence, s’élève à 62,4 %. En 2023 le pourcentage des exploitations ayant une utilisation élevée d’antibiotiques a encore diminué dans le secteur des porcs, des poulets de chair et des veaux de boucherie, comme les années précédentes. Néanmoins, certaines petites variations subsistent, notamment concernant la colistine et les fluoroquinolones en poulets de chair.

Objectifs 2024
Un objectif à réaliser avant la fin 2024 est de parvenir à un maximum de 1% d’utilisateurs en zone d’alarme 1 (exploitations caractérisées par une utilisation structurellement élevée d’antibiotiques). Sur la base des chiffres d’usage observés en 2023, cet objectif paraît réaliste pour toutes les catégories animales, sauf pour les veaux de boucherie, dont le secteur comptait 10,2 % d’utilisateurs en zone d’alarme fin 2023. Malgré la forte réduction observée depuis 2018, beaucoup d’efforts attendent encore ce secteur.
Les veaux d’engraissement
Malgré la forte réduction observée depuis 2018, beaucoup d’efforts attendent encore ce secteur. Cependant, même si 10% des centres d’engraissement sont des utilisateurs importants d’antibiotiques, d’autres parviennent à n’en utiliser que très peu. La forte variabilité en termes de quantités utilisées semble davantage due à des situations particulières, et non pas à l’ensemble du secteur. Dès lors, si des mesures supplémentaires doivent être prises, il semble logique qu’elles concernent directement ces centres. Notamment en portant une attention particulière aux ambiances (humidité, chaleur…) ainsi qu’aux infrastructures.
Les éleveurs ont fait leur part du travail… A vous de jouer!
Si le secteur de l’élevage peut se féliciter des résultats obtenus, il lui semble également qu’il ne doit pas être le seul à faire des efforts. En effet, même si l’élevage était un consommateur important d’antibiotiques, cela ne doit pas dispenser les secteurs de la santé humaine et des animaux de compagnie d’eux aussi mettre le pied à l’étrier, de manière réaliste et réalisable, mais néanmoins avec des objectifs ambitieux. C’est aussi ça le concept de «One Health – une seule santé»!
Vision 2030 et plan national
Si les objectifs sont en passe d’être atteints, les efforts ne doivent pas être relâchés et les éleveurs doivent être rejoints par d’autres secteurs. C’est pour cela que l’AMCRA a mis en place sa vision 2030 et, qu’en parallèle, un plan d’action national a aussi vu le jour.
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