L’UPV plaide plus que jamais pour la vaccination
Dossier FCO 3
Témoins de première ligne face aux ravages provoqués par la Fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 3 chez les moutons mais aussi chez les bovins, l’UPV (Union professionnelle des vétérinaires) espère que le pic de contamination sera passé d’ici un mois. Et rappelle l’importance capitale de la vaccination préventive en amont de la maladie. Un message d’autant plus d’actualité que se profilent à l’horizon la FCO de sérotype 8 et la MHE (maladie hémorragique épizootique) qui remontent de France. «Ne recommençons pas les mêmes erreurs sanitaires!» plaide Bernard Gauthier, co-président de l’UPV.
Propos recueillis par Ronald
©Fxquadro
Pleinchamp : Comment évolue la situation d’un point de vue purement vétérinaire?
Bernard Gauthier : «C’est une catastrophe. L’épidémie est arrivée de Hollande et, aujourd’hui (le 27 août Ndlr), concerne la totalité de la Belgique. Je pense que 90-99% des détenteurs de moutons ont été ou sont confrontés à la maladie. Avec énormément de pathologies et de mortalités».
PC : Peut-on s’attendre à une petite amélioration dans les prochains jours?
BG : «On espère. Les symptômes durent pas mal de temps (7-10 jours, peut-être même parfois plus). Donc, il faut quand même du temps. Et à partir du moment où ça été tellement aigu, violent et chez presque tout le monde au même moment, on imagine que, dans un mois, ça va un peu se stabiliser à ce niveau-là au niveau des moutons puisque l’ensemble des troupeaux auront été contaminés».
PC : Quid au niveau des vaccins? Leur disponibilité est-elle suffisante?
BG : «Les vaccins sont disponibles. Pour le moment, il n’y a plus vraiment de difficultés pour en avoir. Le nombre de troupeaux vaccinés est relativement faible, malheureusement. C’est clair que si les animaux ont été malades – il y a beaucoup de chances qu’ils soient désormais immunisés – ou sont malades, ça ne vaut pas la peine de les vacciner. Ceux qui n’ont encore rien ou qui présente un doute d’avoir été contaminé parce qu’ils n’ont pas présenté de symptômes, qu’on les vaccine le plus vite possible. D’autant qu’on risque d’avoir des répercussions à moyen et long terme sur les gestations futures. Du moins cette année-ci. Vaut donc mieux prendre ses précautions en moutons».
PC : S’attend-on à avoir moins d’agnelages ?
BG : «On est presque sûr et certain que les béliers vont perdre de la fécondité. La chance pour l’instant, c’est que la plupart des brebis n’étaient pas gestantes. Donc il y a peu de mortalités et d’avortements chez les moutons, par rapport aux bovins. Mais on sait qu’on va avoir des problèmes de reproduction dans les mois à venir».
Et les bovins?
PC : Qu’en est-il au niveau des bovins?
BG : «La situation n’est pas du tout sous contrôle. Elle est plus frustre parce que les bovins sont relativement moins atteints cliniquement. Donc on ne va pas voir la moitié ou les trois-quarts du troupeau monter en température. Les éleveurs laitiers se rendent très vite compte du passage du virus parce qu’il y a une chute très importante de la production laitière. Les risques les plus importants pour le moment, ce sont les avortements. D’autant qu’en bovin, on a des animaux qui sont gestants un peu toute l’année. On a donc des avortements dus à la fièvre catarrhale avec un impact dramatique puisqu’il en résulte un veau mort et une vache qui est souvent en mauvais état. Et on est presque certain que ça va durer encore plusieurs mois. Le premier passage de la fièvre catarrhale voici déjà quelques années avait drastiquement réduit les naissances l’hiver suivant».
Deux autres épidémies à nos portes
PC : Y a-t-il un message à délivrer aux éleveurs tant de moutons que de bovins?
BG : «Vaccinez, vaccinez et vaccinez! Et le 2e message, c’est qu’ici on est confronté au sérotype 3 qui vient de Hollande. Mais on a le sérotype 8 qui remonte de France, tout comme la MHE (Maladie hémorragique épizootique). Ce sont deux maladies comparables. Elles sont annoncées pour l’automne ou le printemps prochain. L’épisode ici montre que, malheureusement, on a vacciné beaucoup trop tard. Qu’on réfléchisse déjà maintenant et qu’on vaccine déjà cet hiver contre ces deux maladies qui sont à nos portes et qui vont arriver d’un mois à l’autre».
PC : Avec un vaccin qui existe déjà pour les deux maladies ?
BG : «Pour la FCO 8, le vaccin existe. La MHE, le vaccin existe aussi mais n’est pas disponible en Belgique, c’est un vaccin étranger. Pour l’obtenir et l’utiliser en Belgique, il faut tout une série d’accords, ce qui ralentit la prévention. Il est urgent de prévoir la vaccination pour la MHE et d’autoriser le vaccin sur notre territoire, voire de prendre des mesures régionales ou nationales visant à imposer la vaccination et à la subventionner. Car, ici, si on avait financé la vaccination, cela aurait sans doute eu un impact beaucoup moindre que les quantités d’animaux qui sont en train de mourir. Quand on voit la souffrance de ces animaux malades alors qu’on aurait peut-être pu les vacciner voici 6 mois… Et on est à la porte de deux autres épidémies. Ne recommençons pas cette aberration sanitaire».
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