Mieux comprendre les calamités agricoles
Et si on intégrait une dimension socio-économique dans l’étude des sécheresses et des inondations? C’est le projet ambitieux du doctorant Kevin Thibaut de l’Université de Liège. Nous l’avons rencontré lors de la commission Environnement du 10 avril. Nous décryptons ici son travail et relayons sa demande de renseignement auprès de vous!
Lucie Darms, Conseillère Air-Climat, Energie, Recyclage, Agroécologie et Apiculture

Le 10 avril dernier, Kevin Thibaut, Doctorant à l’Université de Liège, est venu introduire ces notions auprès de la commission Environnement et Structures. Aujourd’hui, nous élargissons le spectre pour faire part à tous de ces intéressantes informations.
Un événement climatique extrême déséquilibre le cycle naturel de l’eau, c’est-à-dire qu’en cas d’excès de précipitations, il génère des inondations et, en cas de déficit, des sécheresses. Ce constat, tout le monde le sait. Mais si l’on va plus loin dans la réflexion, on remarque que plusieurs facteurs – qu’ils soient environnementaux ou sociétaux – impactent plus ou moins intensément de nombreux secteurs, dont l’agriculture. On peut donc qualifier ces événements climatiques exceptionnels comme des risques multifactoriels à impacts multisectoriels.
L’étude du doctorant Kevin Thibaut a deux objectifs. Tout d’abord, elle vise à améliorer la compréhension socio-écosystémique des sécheresses et inondations. Ensuite, de par ces considérations, elle tentera de mettre en évidence les leviers d’action pour une gestion des risques plus efficace et collaborative.
Recette pour une bonne étude «holistique»
La Wallonie est un territoire en perpétuel changement. Il est dès lors important de considérer son évolution à travers ses aspects géographiques et sociaux. Pour cela, Kevin Thibaut utilise un outil qui répond au nom de «frise chrono-systémique». Il s’agit d’un instrument graphique interdisciplinaire qui permet de synthétiser et d’analyser l’évolution d’un événement à travers le temps sur un territoire donné.
Il faut donc tout d’abord lui assigner un espace-temps défini. Dans ce cas-ci, l’espace est la Wallonie, et plus particulièrement la province du Luxembourg sont les zones d’étude. Pour le temps, Kevin Thibaut s’intéresse aux dernières années marquées la sécheresse, à savoir 2018-2019-2020 et 2022, ainsi que 2021 pour la thématique des inondations. Dans cet espace-temps, le travail consiste à intégrer et visualiser tous les faits et toutes les dynamiques multisectoriels liés aux problématiques de ces extrêmes climatiques.
Pour contextualiser l’événement analysé, la frise détaille en premier lieu les conditions environnementales climatiques (température, précipitation) et hydrologiques (ressources en eau dans les cours d’eau navigable ou non-navigable et les barrages réservoirs). A cela s’ajoute le contexte économique et social avec les impacts pour chaque secteur touché (distribution d’eau, agriculture, forêt et espace naturels, énergie, navigation, tourisme, santé publique…). Enfin viennent se greffer sur la frise les décisions politiques et administratives à différents échelons de pouvoir (communal, provincial et régional).
Pour obtenir ces données implémentées dans la frise chrono-systémique, Kevin Thibaut mobilise une importante recherche bibliographique ; une consultation des rapports du CORTEX (ancien Centre de crise de Wallonie – CRC-W) ; une analyse des données météorologiques ; des relevés de terrain ainsi que des entretiens avec des acteurs institutionnels, des scientifiques et des professionnels des secteurs impactés afin de recueillir leurs retours d’expériences et être au plus proche de la réalité du terrain. La finalité de cette étude est de proposer quelques éléments utiles à l’élaboration d’outils ou de mesures de gestion des évènements hydrologiques extrêmes, que ce soit d’un point de vue préventif ou opérationnel. Ces travaux seront entre autres bénéfiques aux autorités décisionnelles et à plusieurs organismes belges qui ont déjà marqué leur intérêt pour une meilleure gestion de ces phénomènes climatiques, notamment le Centre de coordination des risques et de la transmission d’expertise (CORTEX), l’Agence wallonne de l’air et du climat (AWAC), les Services fédéraux et provinciaux de planification d’urgence et de gestion de crise, ou encore des groupements professionnels, comme par exemple Aquawal, l’union des opérateurs wallon de l’eau, ou encore la FWA.
Pour la FWA, il est très intéressant de faire connaitre cette notion de sécheresse «vue par l’agriculteur» aux autres secteurs territoriaux. Cela pourrait notamment aider dans la négociation de l’agriculture de date.
Il est important d’éclairer la science par notre vécu de terrain. L’agriculteur peut être partenaire de cette recherche et, si vous le souhaitez, vous pouvez aider en répondant déjà brièvement aux questions du doctorant ci-dessous.
Avez-vous été impacté par la sécheresse de 2022? Comment?
– Avez-vous modifié vos pratiques depuis lors?
– Avez-vous des attentes ou des pistes d’amélioration pour faire face à ce risque?
Avez-vous été impacté par les inondations de juillet 2021? Comment?
– Avez-vous modifié vos pratiques depuis lors?
– Avez-vous des attentes ou des pistes d’amélioration pour faire face à ce risque?
Toutes vos réponses seront bien sûr anonymisées. Vous pouvez répondre par mail à lucie.darms@fwa.be ou directement à kevin.thibaut@uliege.be
Nous pensons qu’il serait notamment intéressant d’avoir l’avis de profils d’agriculteurs qui irriguent ainsi que d’éleveurs de volailles et de porcs.
De plus, si vous êtes de la province du Luxembourg, votre avis pourra d’autant plus aider l’étude.
Toute l’information agricole directement dans votre boîte aux lettres ?