Orge brassicole wallon: où en est-on ?

Bien connue sur la scène internationale pour son goût et son savoir-faire en matière de bière, la Belgique exporte les produits de son expertise aux quatre coins du globe. Malgré cela, seule une faible part de l’orge qui constitue le malt belge est produite en Wallonie. Depuis 2017, un plan d’action a été mis en place pour développer la filière d’orge brassicole en Wallonie afin d’obtenir une orge brassicole locale et de qualité, répondant à la demande de différents acteurs du secteur de la bière.

Anne-Laure Michiels

semis

La filière animée par le CePiCOP – pour les essais et le développement variétal – et le Collège des Producteurs – avec son label Prix Juste Producteur (PJP) – se développe lentement mais sûrement en Wallonie sous l’impulsion du plan stratégique lancé par René Collin en 2017, alors Ministre wallon de l’Agriculture.

En quelques chiffres

Aujourd’hui, l’on peut dire que la filière gagne globalement du terrain au sud du plat pays. En 2024, malgré un recul du nombre global d’hectares dû à une commande revue à la baisse d’une distillerie, le nombre d’hectares d’orge brassicole implantés en Wallonie s’élevait aux environs de 1200 – orges d’hiver et de printemps confondues. De ces 1200 hectares, une majorité était emblavée d’orges de printemps semées à l’automne. Le nombre de brasseries actives dans la filière atteint la trentaine d’acteurs en Wallonie. « Ces chiffres sont une estimation, en fonction de ce que nous avons à disposition au Collège. Ils reprennent notamment les hectares implantés pour Harvesta (+/- 150). D’autres filières indépendantes peuvent être en train de se développer sans que nous n’ayons les chiffres sous la main. Et ce serait super ! » avance Julien Beuve-Méry, , chargé de mission Céréales et Grandes Cultures au Collège des Producteurs.

    L’orge brassicole en pratique

    Pour l’agriculteur, l’orge brassicole présente bien des avantages, relate Jean-Luc Dewez, lui-même agriculteur et, quelque part, un des pionniers en la matière : « c’est une culture très intéressante dans la rotation mais aussi en termes de rentabilité. L’orge est la deuxième paille par excellence ! Elle est d’ailleurs appétante pour le bétail. En plus de cela, la culture libère rapidement la terre grâce à une moisson précoce, ce qui laisse tout le loisir de travailler son sol, semer ses engrais verts, épandre ses fumiers ou même implanter une seconde culture courte. » Une affirmation que confirme Alice Nysten, ingénieure en charge des essais d’orge brassicole au CePiCOP : « au niveau technique, la culture est très similaire à une autre céréale. Même semoir, même moissonneuse. Si on peut lui trouver une exigence différente, c’est l’attention au dosage de la fertilisation qui sera très important pour conserver une qualité homogène et un taux de protéines qui répond aux exigences de l’orge brassicole. En bio ou en conventionnel, les conseils de fertilisation et de rotation divergeront d’ailleurs. »

      La filière en pratique

      « Auparavant historiquement gérée par l’asbl Promotion d’Orge de Brasserie (POB), la filière d’orge brassicole se voit désormais animée par le CePiCOP et le Collège des Producteurs, notamment via une commission de filière où tous les acteurs de la filière orge brassicole sont réunis autour de la table » explique Julien Beuve-Méry. Et de poursuivre : « Nous avons 2 réunions de commission de filière par an pendant lesquelles nous déterminons, en concertation avec l’ensemble des acteurs de la filière, le Prix Juste Producteur pour les orges labellisées. Celui-ci veille à respecter que les coûts de production et salariaux des producteurs soient couverts par le prix auquel leur est acheté leur orge. Nous discutons également des réalités des différents acteurs parmi lesquels on retrouve les négoces, les stockeurs, les malteurs, les brasseurs et bien sûr les producteurs ! »

      Tenté·e par l’aventure de l’orge brassicole ?

      Pour toute question relative à la filière, contactez Julien Beuve-Méry – Collège des Producteurs : julien.beuvemery@collegedesproducteurs.be 

      Pour toute question technique sur la culture, contactez Alice Nysten – CePiCOP : an@cepicop.be 

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