Région : La vague bleue et turquoise 

remettra-t-elle l’agriculture au centre des décisions ?

Si une partie de l’électorat wallon aura été médusée ce dimanche après-midi en découvrant un sondage de sortie des urnes plaçant le PTB comme premier parti en Wallonie, l’effarement aura été de courte durée. En effet, le sondage comportait une « petite » erreur et s’est révélé complètement faux, puisque c’est en réalité une vague bleue et turquoise qui s’est emparée de la Wallonie, contre toute attente…

Olivia Leruth

Cet article fait partie d’un dossier spécial sur les élections 2024. Retrouvez en les autres parties ici : https://journalpleinchamp.be/dossier-elections-2024/

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Les sondages pré-électoraux avaient bien annoncé une hausse des partis libéraux et centristes pour ce dimanche, mais la marée qui s’est emparée des urnes a tout de même surpris par son ampleur et sa constance : les deux partis gagnent du terrain partout, dans leur fiefs mais aussi dans ceux qui sont plus traditionnellement dévolus à la gauche.

Fumée blanche pour une Wallonie de centre-droit ?

Avec 26 sièges (+6) pour le Mouvement Réformateur et 17 sièges (+7) pour les Engagés, il n’est sans doute pas trop téméraire d’envisager une alliance de ces deux partis pour composer un gouvernement avec une majorité plutôt confortable, puisque le Parlement compte 75 députés wallons. Et cela, même si rien n’est encore fait, le risque de basculement n’étant jamais complètement nul. Mais les prises de parole concordantes de Maxime Prévôt et de Georges-Louis Bouchez, suivies de celle de Paul Magnette qui a annoncé lundi ne désirer monter dans aucune majorité, semblent indiquer des possibilités plutôt limitées. Le Gouvernement wallon devrait donc, pour une fois, préférer au chemin le plus complexe la voie la plus… droite. Ou de centre-droite. 

De la continuité dans les matières agricoles…

Mais qu’est ce que cela signifiera concrètement pour les dossiers agricoles et environnementales ? Car même si la situation peut s’annoncer plutôt réjouissante pour le secteur agricole, les deux partis vainqueurs se rangeant volontiers aux arguments des agriculteurs, les grands défis environnementaux et le dérèglement climatique ne risquent pas de disparaître. Mais l’on peut sans doute s’attendre à une gestion impliquant plus les réalités du monde agricole, ou à tout le moins plus qu’avant. Du côté du travail de simplification entamé suite aux manifestations agricoles, initié en grande partie par des cabinets libéraux, il est plus que probable qu’il sera poursuivi, voire enrichi.

Comme Caroline Cassart l’avait indiqué lors du débat régional mené par la section locale de la FWA à Waremme fin mai, la volonté du MR n’est pas de refusionner les portefeuille liés à l’agriculture et à l’environnement, comme certains l’auraient souhaité. Au contraire, elle considère qu’il est particulièrement important de garder les matières agricoles avec les matières économiques, pour une meilleure prise en compte de la dimension économique dans l’agriculture.

… un cadeau empoisonné pour le portefeuille environnemental ?

Certaines matières qui avaient été dévolues à la Ministre de l’Environnement, elles, resteront probablement une solide épine dans le pied de celui qui les reprendra. On pense par exemple au dossier PFAS qui, lui non plus, ne va pas disparaître de lui-même par la magie d’une nouvelle majorité. Les résultats des tests réalisés dans le cadre de la pollution du côté de Chièvres devraient d’ailleurs être diffusés très prochainement, comme l’avait en son temps promis Céline Tellier. La ministre a plus que probablement perdu ses chances d’être prolongée à son poste, mais reste quand même députée wallonne, dans un staff réduit cependant : les écologistes n’auront plus que 5 sièges au lieu des 12 actuels.

Comment le nouveau Gouvernement wallon va-t-il gérer cette problématique ? Il lui faudra pouvoir faire la part des choses et le travail s’avère d’ores et déjà délicat en ce qui concerne la détermination des responsabilités de chacun. Le ou la nouveau/elle ministre de l’Environnement sera-t-il de ceux qui dégagent la responsabilité sur les agriculteurs et/ou le secteur industriel ou tentera-t-il de ménager la chèvre et le chou, l’un et l’autre faisant partie des électeurs de prédilection de cette nouvelle majorité ? Nul ne peut encore le dire, mais l’on peut espérer que les chances d’un scénario de dégagement pur et simple de la responsabilité vers le secteur agricole comme principal pollueur, comme on l’a vu ces derniers mois, semblent perdre du terrain…

Un mélange d’expérience et de fraîcheur pour des défis agricoles de taille

Enfin, en ce qui concerne les principaux défis à venir pour notre nouveau gouvernement, on peut citer en bref : l’agrivoltaïsme, que les deux partis souhaitent maintenir le plus loin possible des terres agricoles, le renouvellement des générations, ou encore l’application de la loi pour la restauration de la nature, dont les objectifs européens devront être traduits en mesures spécifiques au niveau wallon. Pas mal de boulot donc sur la planche de nos futurs ministres et parlementaires, dont vous retrouverez les noms ci-dessous.

Certains noms vous sembleront familiers, d’autres moins, la multiplication des sièges et les nouvelles recrues des Engagées faisant entrer au Parlement toute une série de personnes qui n’y ont jamais siégé, mais dont on peut attendre a priori que leur proximité avec le terrain, et pour certains, avec le monde agricole, augure une meilleure compréhension des enjeux et des réalités du terrain… A suivre !

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