Retard dans les cultures de printemps :
bulletin météorologique de ce début 2024
Cette année, les agriculteurs et les éleveurs n’ont pas besoin de scruter le ciel en espérant que la pluie arrive. Depuis le début de saison 2024, les précipitations sont régulières et supérieures (parfois très largement) aux normales, ce qui entraine un retard dans l’installation des cultures de printemps. La répartition sur le territoire et le podium des records connus cet hiver sont ici abordés.
Lucie Darms, Conseillère Air-Climat, Energie, Recyclage, Agroécologie et Apiculture

©Countrypixel
En 2024, la météo belge rafle tous les prix. Une deuxième place pour les températures douces et l’ensoleillement faible, ainsi qu’une troisième place pour la pluviométrie depuis le début des observations en 1833. Les fréquentes précipitations, par endroit abondantes sous des orages, ont également retardé l’installation des cultures de printemps, obligeant les agriculteurs à travailler jour et nuit dès qu’une période un peu sèche se profilait.
Un hiver chaud, humide et sombre
Considéré dans son ensemble et sur base des données météorologiques issues de la station de référence d’Uccle, l’hiver 2024 se place en deuxième position (avec 2014, 2016 et 2020) des hivers les plus chauds depuis 1833 (début des observations). Avec 2,2°C de plus que la normale, la station de référence d’Uccle montre un nombre assez faible de 17 jours de gel (la normale est de 29,7 jours). Au niveau de la répartition spatiale, les tendances observées au niveau de la station de référence d’Uccle se marquent également au niveau de l’ensemble du territoire. Nous avons eu un mois de janvier neigeux, et de février très pluvieux. L’ensoleillement a quant à lui été anormalement faible. Cela en fait le deuxième hiver le plus sombre de la période de référence actuelle.
Un printemps sous les mêmes ingrédients
La douceur qui a caractérisé l’hiver 2024 s’est prolongée au cours du premier mois de printemps. Le mois d’avril était plutôt en demi-teinte: les 2 premières semaines du mois ont été caractérisées par des températures supérieures à la normale alors qu’à partir du 15 jusqu’au 27, les températures ont par contre été inférieures à la normale. On a relevé pas moins de 22 jours de précipitations, soit 8,9 jours de plus que la normale (égale à 13,1 jours).
Au cours de la période octobre 2023 – avril 2024, 690,5 mm de précipitations sont tombés à Uccle. Il s’agit de la quantité la plus importante pour la période octobre-avril depuis le début des observations en 1833.
Le mois d’avril 2024 est le septième mois consécutif avec des précipitations supérieures à la moyenne, avec une répartition sur le territoire variable. Les précipitations les plus faibles sont tombées en Lorraine belge (environ 90% de la normale) alors que les précipitations les plus importantes sont tombées au littoral (environ 200% de la normale).
Le cumul des 9 jours de précipitations observés du 1er au 15 mai représente environ 82% de la normale observée pour l’ensemble du mois. À partir du 10 mai, des températures supérieures à la normale sont observées. La moyenne des températures sur les 15 premiers jours de mai est de 15,2°C. À titre informatif, la normale observée pour l’ensemble du mois est de 13,9°C.

Figure 1. Evolution de la somme des degrés-jours (base 0) du 1er janvier au 15 mai 2024 pour la région limoneuse.
Evolution globale
On constate qu’après un mois de janvier que l’on peut considérer comme dans les normes, on peut observer que la somme des degrés-jours 2024 s’écarte progressivement et dans l’ensemble de façon continue de la valeur normale. (Figure 1)
À la figure 2, on peut observer la somme des précipitations calculée entre le 1er janvier et le 15 mai 2024 pour les différentes régions agricoles, la normale étant calculée sur la période de référence. On voit également la représentation de la distribution (1er et 3ème quartiles, valeurs extrêmes) des valeurs pour cette période de référence.
Les céréales d’hiver
Les conditions de semis ont été rendues compliquées par des conditions humides et une saturation des sols en eau. La récolte des cultures de printemps à l’automne dernier s’est en effet parfois faite dans de mauvaises conditions, abîmant la structure du sol et retardant les semis des céréales. Les conditions humides ont également eu un impact sur le désherbage. Si certains semis précoces ont pu être désherbés dans de relativement bonnes conditions, cela n’a pas été le cas pour une partie non négligeable des escourgeons et la toute grande majorité des froments semés après le 15 octobre.

Figure 2. Somme des précipitations (1er janvier – 15 mai 2024) pour les différentes régions agricoles.
Bilan des semis
À la mi-mai, on estime ainsi que seulement 30 à 35% des surfaces totales de pommes de terre ont été plantées en Belgique. En maïs, on estime en Wallonie que 30% des surfaces ont été semées. En ce qui concerne les betteraves, habituellement installées en priorité, le pourcentage de semis est de l’ordre de 80-90%.
Conditions humides
De façon plus globale, les sols étant régulièrement saturés en eau et les précipitations intenses, les risques de coulées boueuses et d’anoxie des jeunes pousses sont bien réels. Ces conditions sont également favorables au développement de certaines maladies et ravageurs, comme par exemple le mildiou en pommes de terre ou bien encore les limaces bien présentes en ce début de saison.
Ça pousse…
Les températures observées en début de saison en 2023-24 sont également élevées ce qui a accéléré le développement phénologique en céréales. Ces conditions plus chaudes que la normale ont hâté la reprise de croissance en prairies. En Flandre, à l’instar de la Wallonie, une grande disparité entre les stades phénologiques est observée suite à l’étalement des semis.
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