Scanner son sol?
Ils l’ont testé pour vous
Pour son webinaire de rentrée, Waldigifarm a choisi de nous parler de cette technique d’agriculture de précision: le scanning du sol. Au stade de recherche (via le projet DuratechFarm), cette technique promet de réduire l’hétérogénéité intra-parcellaire en cultures légumières.
Lucie Darms,
Conseillère Air-Climat, Energie, Recyclage, Agroécologie et Apiculture
Conseil, Analyse et Politique (CAP)
A l’occasion de son programme «Les 4 saisons de la Précision», Waldigifarm proposait un webinaire de rentrée ce mardi 03 septembre ayant pour thème le scanning du sol.
En quoi consiste cette manière d’analyser votre sol? Grâce à des capteurs fixés sur l’engin qui sillonne votre champ, vous pouvez connaître la conductivité électrique de votre sol, son pH, sa topographie, le taux de matière organique, et indirectement connaître les besoins en éléments nutritifs.
Selon le modèle, vous pouvez bénéficier de tout un tas de fonctionnalités . Par exemple, après avoir obtenu le pourcentage d’argile présent à un endroit, une conversion peut être faite par le programme pour fournir une carte des doses variables à appliquer. C’est la « prescription”.
Cette pratique est plutôt répandue en cultures légumières pour appréhender l’hétérogénéité de la parcelle. Notamment, les apports de chaux qui doivent être modulés au sein d’une parcelle pour obtenir un pH optimal partout, et ainsi favoriser la disponibilité des nutriments dans le sol.
Cet outil permet de visualiser la variabilité au sein d’une seule et même parcelle. Ce qui entraînera soit une augmentation des rendements des zones sous le seuil de rentabilité, soit une diminution des coûts de production pour ces zones.
Les testeurs ont testé… en conditions réelles!
Ce n’est pas un, mais bien deux outils différents qui sont étudiés sous tous les angles par le projet Duratechfarm. Ce projet a pour but d’intégrer le Smart Farming au sein d’une exploitation conventionnelle et Bio afin d’en évaluer la plus-value in situ. Dans les conditions réelles, les chercheurs peuvent appréhender d’autres facteurs comme la gestion de l’utilisation des intrants, l’optimisation intra-parcellaire, l’impact sur le temps de travail, l’appréhension face à l’utilisation des nouvelles technologies… Portée par les 3 piliers du développement durable, l’évaluation de chaque outil est faite au niveau technique, économique et environnemental.
Avec l’outil de Veris MSP3 (Agrometius) les capteurs de type conductivimètre, infra-rouge et pH sont embarqués par un tracteur. On obtient 330 mesures par ha (30 pour le pH).
Avec l’outil d’InterraScan (Syngenta) le capteur se trouve sur un pick-up, il ne touche pas le sol et ne réalise que des mesures des rayonnements gamma émis par le sol (Uranium, Thorium, Césium et Potassium). Au moins, il n’y a pas de soucis quand le sol est gelé. Par contre, on ne passe pas quand on veut, on doit attendre 3 mois après l’épandage d’amendement. On obtient ici 800 mesures par ha.
Mieux que des analyses de sol?
Dans un deuxième temps, le webinaire abordait la comparaison des résultats obtenus par scanning aux résultats obtenus par analyses de sol (laboratoire Requasud et base de données belge).
Les résultats ne montraient pas beaucoup de similitudes… Cependant, nous sommes amenés à relativiser car le nombre d’échantillon par parcelle est petit pour avoir des statistiques fiables. De plus, les périodes de mesures étaient difficiles.
On voit dans le graphe ci-dessous qu’avec Veris, 59% des données relevées sont des données cohérentes (le R² montre une adéquation du modèle, où 1= adéquation parfaite et 0= adéquation nulle). Ce pourcentage augmente pour des périodes plus récentes (62% en 2024).
La comparaison montre une adéquation des méthodes meilleure pour les parcelles hétérogènes. Pourquoi? Parce que des éléments qui diffèrent de 14% ne se voient pas avec une analyse de sol en laboratoire… 14% est donc la marge d’erreur des laboratoires et elle est visible sur le graphe ci-dessus de part et d’autre de la ligne de corrélation 1:1 (en pointillé).
Les mots-clés: accompagnement et patience
Le premier conseil donné par les orateurs est qu’il faut se faire accompagner pour comprendre les données. A cause d’une erreur d’échelle, les couleurs d’une cartographie pourraient nous donner une impression différente de la réalité. Avec ce nouveau système, il faudra inévitablement se remettre en question car il y aura des incompréhensions au départ.
D’autre part, il est important de comprendre que corriger les hétérogénéités d’une parcelle ne se fait pas du jour au lendemain.
Pour plus d’informations, vous pouvez contacter Waldigifarm (+32 470 34 81 37 ou arnaud.verlinden@waldigifarm.be)
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