Trop d’eau, c’est trop d’eau !
Le regard de Marianne
Depuis de nombreux mois, la Wallonie subit des précipitations qui non seulement ont un impact sur notre travail, mais qui nous ont malheureusement fait revivre ces derniers jours des épisodes d’inondations, faisant de cette année une concurrente sérieuse pour le titre de « pire année culturale jamais vue ». Ces mois de pluie impactent notre secteur économiquement puisque nous n’avons pu ni en automne ni au printemps semer nos cultures dans de bonnes conditions. Nos épandages d’engrais organiques ont également été perturbés avec des conséquences sur leur stockage.

Malgré le dicton « année de rien, année de foin », si la quantité de la première coupe d’herbe que nous venons d’effectuer est bien présente, il n’en est nullement de même pour la qualité. À côté de cette incertitude pour notre revenu de cette année, nous devons faire face à la difficulté de respecter notre sol lorsque la météo nous permet de travailler, faire face également à une série de maladies dans nos végétaux dues à l’humidité, à l’impossibilité parfois de pouvoir sortir nos bêtes sur des pâtures imbibées ou encore aux limaces qui se régalent de nos betteraves et légumes… sans parler des coûts supplémentaires que tous ces éléments vont générer ! De grands questionnements commencent également à voir le jour concernant la possibilités de semer toutes les cultures de printemps prévues pour honorer nos contrats, ce qui pourrait évidemment occasionner des conséquences en cascade pour l’ensemble de la filière…
Trop d’eau, c’est trop d’eau ! Avec comme conséquences dramatiques, les inondations dans la région de Gembloux dans un premier temps, puis ce week-end de Pentecôte dans la région d’Aubel. Ces précipitations très abondantes en peu de temps, sur des sols gorgés d’eau depuis des mois, rendent ces derniers complètements imperméables. Nous assistons impuissants à une érosion hydrique importante accentuée par un débordement des cours d’eau ou des rétentions d’eau.
Triste situation, tant pour les citoyens, qui voient leurs habitations envahies par les eaux, que pour nous qui voyons notre travail – déjà effectué dans des circonstances difficiles – anéanti par les dégâts provoqués par la force de l’eau.
Comme la FWA l’a toujours prôné, et comme ça a déjà été abordé dans le Pleinchamp, nous les agricultrices et agriculteurs sommes bien conscients du dérèglement climatique, de ses conséquences sur notre territoire et sur la nécessité de « rendre à la nature » en augmentant toujours notre durabilité ainsi que la résilience et l’adaptabilité de notre secteur.
C’est avec tous les acteurs du territoire, citoyens, experts de la cellule Érosion de Natagriwal, politiques que nous devons au cas par cas diminuer le plus possible l’érosion hydrique. Ces solutions seront à trouver en collaboration, et dans le respect de tous, en prenant chacun notre part et en visant une réelle efficacité des outils ou pratiques mises en place.
Inondations de mai 2024, le point sur la situation
L’Arrêté de reconnaissance des inondations de ce mois de mai comme calamité naturelle publique est en préparation. Cette reconnaissance ouvrira la voie pour une éventuelle intervention du Fonds des calamités, notamment pour le nettoyage et la remise en état du territoire.
Après plusieurs contacts avec le cabinet Borsus (Agriculture) et Tellier (Environnement), deux éléments importants se dégagent :
– Dans les zones d’élevage, de nombreuses clôtures bordant les cours d’eau ont été arrachées. Les agriculteurs concernés ne seront pas inquiétés quant à leur obligation de clôturer, le caractère de « force majeure » pouvant être invoqué.
– En ce qui concerne les débris et pierres charriés par les crues, des réunions sont en cours entre la Région et les Provinces afin de définir les démarches à effectuer.
Comme nous le rappelions la semaine passée, il est important de prendre un maximum de photos des dégâts occasionnés et de demander le passage de la Commission de constatation des dégâts. Pour les agriculteurs au barème qui décideraient de ressemer une parcelle endommagée, le coût des semences utilisées pour ce réensemencement pourra être déduit.
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