Un chardon aux épines plutôt flatteuses
Le regard de Marianne
Il y a de cela plusieurs années, Canopea – le nouveau nom d’Inter-environnement Wallonie -décernait chaque année deux prix : une palme, pour récompenser les bons élèves en termes d’environnement, et un chardon, à destination de ceux dont l’organisation considère qu’ils ont détricoté les intérêts de l’environnement et de la planète. Une tradition qu’ils ont décidé de remettre à l’ordre du jour en décernant cette année leur chardon à la Fédération Wallonne de l’Agriculture.

La FWA est ainsi « récompensée » pour avoir joué un rôle prépondérant au cours des négociations avec les différents niveaux de pouvoir lors des dernières manifestations agricoles. Des négociations dont l’issue, comme vous le savez, a été d’apporter des simplifications substantielles à la PAC, simplifications interprétées par l’organisation comme constituant un recul dans la démarche agricole vers plus de durabilité.
Ce chardon offert à la FWA, c’est d’abord pour moi une fierté. Oui, une fierté, car il prouve une fois encore que nous nous occupons une place prépondérante et déterminante sur l’échiquier des négociations politiques, mais surtout que notre travail l’a également été pour obtenir toute une série d’avancées lors de ces négociations. Et ces avancées-là vont permettre à notre agriculture familiale wallonne de retrouver une place de choix dans la filière alimentaire et toute la chaîne de valeurs qui l’entoure.
Notre vision, certes différente de celle de Canopéa, n’est pas du tout une vision de simplification bête et méchante de la PAC qui ferait rater le tournant la durabilité aux agriculteurs, non. Au contraire, la FWA, qui s’oppose fermement à l’écologie punitive simpliste, reconnait les agriculteurs comme de véritables professionnels qui connaissent leur métier, ont de solides notions d’agronomie, d’ailleurs rarement égalées par ceux qui prétendent leur enseigner leur métier, et sont des chefs d’entreprises accomplis. Et ces chefs d’entreprise doivent veiller, comme toute entreprise, à prendre les bonnes décisions pour rester économiquement viables. Oui, cher Canopéa, la FWA et ses agriculteurs, qui sont à la base de toutes nos prises de positions au travers d’un processus démocratique, sommes de réels représentants de la durabilité de notre secteur.
Parce que rendre le secteur plus durable, y compris au niveau de l’environnement, c’est d’abord revendiquer que les décisions politiques pouvant influer sur notre métier soient basées sur l’agronomie et les trois piliers de la durabilité. C’est permettre également d’avoir des études d’impact AVANT de prendre des décisions. C’est encore se battre pour avoir un secteur qui soit en position économique d’innover et d’améliorer ses pratiques, comme il l’a toujours fait par ailleurs.
Obliger les agriculteurs à respecter une conditionnalité qui leur coute énormément d’argent rendra-t-il le secteur plus durable ? Pour la FWA, c’était une erreur et, chardon ou pas, ça le restera. Il est en revanche nécessaire que toutes les actions proposées en faveur de l’environnement soient intégrées et implémentées par les agriculteurs de façon volontaire, en toute connaissance de cause. Personnellement, j’ai foi en notre secteur, et j’ai foi en notre professionnalisme. Et je pense sincèrement que les agriculteurs qui se sentent mieux dans leur métier seront des agriculteurs qui travailleront de manière nettement plus durable à l’avenir.
C’est donc avec fierté que la FWA reçoit ce chardon de la part de Canopéa, et c’est avec fierté que nous le considérons comme une reconnaissance pour le travail effectué au nom de notre agriculture familiale, afin qu’elle soit encore là demain pour pouvoir affronter les enjeux et les défis qui se présentent à notre société.
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