Un passage en force qui fait fi des signaux électoraux…
Le regard de Marianne
Nous avons été très surpris ce lundi d’apprendre, comme de nombreux observateurs, le vote en Conseil des Ministres de la Loi sur la restauration de la nature. Cette loi européenne, décriée de toutes parts, pourra bientôt être érigée au rang de réelle saga, pleine de rebondissements, coups bas et revirements de situation… Outre le fait que le sujet n’était pas à l’ordre du jour, et qu’il n’y avait en principe pas de majorité pour faire passer ce texte au niveau de ce conseil, un revirement ce weekend de la ministre écologiste autrichienne – qui ne disposait pas de mandat de la part de son gouvernement, a précipité les choses et a remis ce sujet épineux à l’ordre du jour du conseil.

Un revirement qui pose évidemment beaucoup de question. Outre la situation autrichienne, où l’on parle d’éventuels recours contre ce positionnement surprise, et la légitimité du vote belge acté par Alain Maron, Ministre bruxellois de l’Environnement, lourdement sanctionné par les dernière élections, il faut rappeler que la loi sur la restauration de la nature avait d’abord été décriée par les différentes commissions du parlement européen. La Com Agri, la Com Envi, puis celle de la pêche s’étaient opposées à ce texte, arguant notamment de ses incidences sur les différents secteurs concernés et sur le manque de prise en charge financière des efforts ambitieux demandés.
Car l’objectif de ce texte est double. Il y a d’une part la volonté de restaurer la nature dans les zones dégradées, avec des objectifs assez stricts : 20% pour 2030, 30% pour 2040 et 90% pour 2050. Il s’agit de zones comme, par exemple, les tourbières. Et on trouve d’autre part la restauration de la biodiversité, pour laquelle 20% du territoire devra lui aussi être restauré.
Nous le répétons souvent : l’agriculture n’est en aucun cas opposée à la biodiversité et l’environnement. Les agriculteurs sont depuis toujours bien conscients du lien qu’ils ont avec la nature. Pour produire de la qualité, il nous faut un sol, une nature, une biodiversité qui soient dans le meilleur état possible, c’est une évidence. Mais les objectifs qui sont donnés à notre secteur doivent être raisonnables. Et nous devons constater qu’une fois de plus, ce n’est pas le cas. Malgré les manifestations, malgré les messages que nous avons fait passer depuis le début du mois de janvier, nous nous retrouvons face à un texte qui, même s’il a été allégé, pose encore des contraintes environnementales importantes pour le secteur. Or, nous demandons vraiment à voir, en lieu et place de toutes ces contraintes, des mesures volontaires pour les agriculteurs, des mesures qui pourraient ainsi être – enfin – réellement efficaces.
A côté de cela, la question du budget alloué à cette nouvelle règlementation reste sur la table, dans l’attente de quelqu’un qui acceptera de s’en occuper. La FWA rappelle que toutes ces nouvelles contraintes auront un coût pour les exploitations agricoles. Et il est évident qu’il n’est nullement question que cela se fasse sans budget. L’agriculture n’accepte plus de voir son revenu raboté par des mesures obligatoires, sans aucune compensation financière. Un budget clair et précis doit donc être dédié à ce nouveau règlement, et non pris de nouveau dans le budget PAC, lequel a déjà subi suffisamment de changements d’orientation.
Nous rappelons également notre souhait de voir la Wallonie mettre en place, comme la Flandre l’a fait, une étude d’évaluation de ce règlement et de ses impacts sur l’horticulture et l’agriculture wallonnes. C’est évidemment un rappel que nous ferons très bientôt à notre futur ministre wallon de l’Environnement, avec qui nous serons ouverts à discuter ouvertement et directement.
Nous regrettons de nouveau de voir des objectifs très ambitieux, obligatoires, qui devront être appliqués de la même façon sur tout le territoire européen, alors que notre pays fait partie des plus urbanisés d’Europe. Et nous regrettons évidemment d’avoir de nouveau un grand flou, peu de clarté et de cohérence concernant le budget qui sera dédié à l’application de ce règlement.
La balle est désormais dans le camp de notre futur gouvernement wallon, à qui reviendra la tâche d’en appliquer les termes sur notre territoire. Et nous serons là, dès les prémisses, pour nous assurer que la réalité de l’agriculture familiale wallonne soit comprise et, surtout, qu’elle soit respectée.
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