Un salon pour donner un second souffle au bio
1er salon Biowall’Innov
L’agriculture bio s’est offert une 1ère édition du salon Biowall’Innov. Cet événement s’est tenu le 5 juillet dernier à la Ferme de Corioule, à Assesse, à l’initiative de Biowallonie. L’occasion de constater que, même confronté à un léger recul ces derniers mois, le secteur n’en reste pas moins très dynamique sur le plan des innovations. Preuve que le Bio ne manque pas d’ambitions et qu’il est chaque jour davantage prêt à répondre aux défis de demain.
Ronald Pirlot
Guillaume représente la 3e génération des Fastré à la tête de la Ferme de Corioule, située à Assesse, entre l’E411 et la N4. Voici 10 ans, il décide d’intégrer l’aventure du bio en se lançant dans l’élevage de poulets de chair. Sous son impulsion, la ferme en polyculture-élevage passe entièrement du conventionnel au bio. «Ma motivation: adapter au mieux les techniques agricoles aux spécificités du sol pour produire une alimentation de qualité destinée aux humains».
Pour Guillaume, c’est en effet la nature du sol qui dicte la culture. C’est ainsi que ses 130ha se répartissent pour un tiers en prairies permanentes, un tiers en cultures fourragères (fèveroles, froment, maïs et prairies temporaires) et un tiers en cultures pour l’industrie (pois et chicorées pour café) et autres cultures (chia et céréales panifiables avec un atelier meunerie à la ferme depuis 2022). Par ailleurs, la ferme comprend également un volet élevage avec 200 bovins de race Aubrac et 4.300 poulets de chair. Sans oublier des vergers hautes tiges.
Depuis deux ans, le constat est plus nuancé
On le voit, chez les Fastré, le travail ne manque pas dans cette ferme désormais entièrement convertie au bio. Un choix dont Guillaume s’est rapidement félicité. Mais, à l’image du secteur, le constat depuis deux ans s’avère plus nuancé. En cause, un manque de demandes de la part des consommateurs, qui se répercute dans les prix proposés. Mais pas que… «Selon moi, les agriculteurs bio ont déjà fait une bonne partie du chemin. Mais notre secteur ne sera pérenne que si les distributeurs jouent le jeu loyalement. Or, lorsqu’on voit les marges importantes qu’ils s’octroient!» Guillaume n’en reste pas moins convaincu par le bio. «Le bio offre le meilleur équilibre agricole entre les 3 piliers que sont le social, l’économie et l’environnement. C’est une solution qu’il faut entrevoir globalement, qui permet de produire un maximum d’alimentation humaine tout en étant respectueux de la nature».
Ambassadeur du bio
Un discours qui en fait un ambassadeur tout désigné pour le secteur Bio. Au point d’accueillir, dans les champs environnants sa Ferme de Corioule, la première édition du salon Biowall’Innov organisé par Biowallonie. L’occasion de découvrir toutes les innovations en matière culturales, d‘élevages ou mécaniques, qui font du bio un merveilleux champ d’expérimentation et de recherches. L’idée étant de se servir de ce salon comme lieu d’échange de bonnes pratiques pour les producteurs bio, mais également de vitrine de nature à sensibiliser un maximum d’agriculteurs afin que, un jour, ils aient l’envie à leur tour de franchir le pas.
Il convient de souligner la parfaite organisation de Biowallonie qui avait mis les petits plats dans les grands avec 40 exposants, plus de 20 intervenants à la tête d’ateliers techniques à destination des producteurs. Lesquels pouvaient déambuler de stand en stand à la rencontre des acteurs du secteur et découvrir les innovations qui traduisent le dynamisme d’un secteur chaque jour davantage prêt à répondre aux défis de demain.
Susciter une relance de la consommation
Reste désormais à convaincre un dernier acteur : le consommateur. Le bio souffre en effet d’un manque de demandes. Trouver des débouchés aux produits s’avère plus compliqué que par le passé. Résultat: pour la première fois, le nombre de producteurs a observé un léger recul en 2023 (-10 unités). «Et 2024 devrait être du même acabit, avec des baisses plus marquées dans les fruits et légumes ainsi que dans les bovins laitiers» annonce Biowallonie. Pourtant, la pression sociétale affiche une volonté d’aller vers une agriculture de plus en plus durable. Faut-il dès lors considérer qu’il y a un paradoxe entre les souhaits et les actes? «Les consommateurs sont davantage sensibles au prix qu’à l’environnement. D’où les efforts que doivent faire les transformateurs et les distributeurs pour le rendre attractif tout en nous garantissant un revenu juste». Bref, il faut soutenir la demande pour développer une offre que le secteur bio est d’ores et déjà prêt à assurer, fort d’une expertise et d’innovations grandissantes, comme il l’a démontré durant toute cette journée à Assesse.
Un Caméléon venu de Suède, un Farmdroid venu de France
Ce n’est un secret pour personne. L’agriculture bio est particulièrement énergivore, sollicitant de la main-d’œuvre. A ce titre, le bio se révèle être un laboratoire de nouvelles technologies. Ainsi, parmi les curiosités de ce salon figure assurément le Caméléon. Nom donné à une machine venue de Suède, qui fait à la fois semoir et bineur. L’avantage d’avoir le même châssis pour ces deux tâches, c’est de travailler sur les mêmes espacements entre semis et entre rangs. Olivier Thiange, agriculteur à Houyet qui en a fait l’acquisition voici un an, en donne le mode d’emploi.
«La machine est équipée de deux caméras qui filment les lignes de semis et, en fonction de la position de ceux-ci, guident les lames qui effectuent le binage. Le tout, sur une surface de travail de 8 mètres».
Le Farmdroid, autonome pour 25Ha de betteraves
Une autre innovation nous vient en droite ligne de la France. Il s’agit d’un robot entièrement automatisé, équipé de panneaux solaires, destiné à semer des betteraves puis à biner en toute autonomie un champ de 20 à 25Ha. «Il suffit d’inscrire les bases des signaux GPS RTK de la parcelle à travailler. L’on détermine ensuite la densité du semis. Ensuite, il dépose la graine qu’il géolocalise d’un point RTK. Ce qui lui permet par la suite de désherber entre rang et sur le rang entre chaque plant, même si ce dernier n’a pas encore commencé à germer» explique Stéphane Lebegue, l’importateur français pour Stecomat. Ce robot travaille sur 6 rangs et peut effectuer 5Ha en 24 heures. Une machine dont le coût s’élève à 100.000€. Avis aux amateurs (www.stecomat.com)!
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