Vini, Viti, culti :
Le vin s’invite à la table de Libramont
Dossier Libramont 2024
Grande nouveauté de cette 88e édition de la Foire de Libramont, la viti-viniculture débarque pour la première fois sur le champ de foire. L’occasion de se pencher sur une activité qui rend bleu du blanc les Belges et qui a de moins en moins à rougir de ses voisins : l’art du vin, mais à la belge, une fois ! Eh oui, dorénavant, il faudra aussi compter sur les vignes du plat pays. Et ça, ça vaut bien un parcours spécifique dans la plus grande foire agricole en plein air d’Europe.
Florian Mélon

« Une table sans vin, c’est comme une nuit sans étoile » nous dit ce proverbe que l’on pourra dorénavant paraphraser en « Une foire sans vigne, c’est comme une nuit sans étoile ». Eh oui, le secteur viti-vinicole débarque à la Foire de Libramont en 2024 ! Il faut dire que le vin n’est plus une diversification marginale au pays de la bière : avec quelques 300 vignobles en Belgique, la vigne est devenue une sérieuse option agricole tant pour les amateurs que pour les professionnels.
« Ca fait une dizaine d’années que le secteur se développe de plus en plus en Belgique, nous explique Caroline Willems, directrice Marketing et Communication de la Foire de Libramont, on a donc jugé qu’il était devenu opportun et utile de lui faire une place à la Foire de Libramont. La viti-viniculture est dorénavant un pôle à part entière de notre Foire et, cette année, nous lui dédions une matinée de réseautage et de conférences. »
Du blanc, rosé ou rouge à la mode noir, jaune, rouge
Si la Foire laisse une belle place au secteur viti-vinicole, c’est parce que le vin a le vent en poupe chez nous, comme nous indique Vanessa Vaxelaire, Présidente de l’Association des Vignerons de Wallonie : « Le secteur est en plein expansion, ça fait 3-4 ans qu’on double les surfaces viticoles année après année pour dépasser maintenant les 1000 hectares. C’est vraiment un joli secteur d’avenir, même si le métier est dur, comme tous les métiers de la terre. Et c’est logique d’être encore plus présent à Libramont : la viticulture, c’est une partie de l’agriculture, c’est notre agriculture à nous et c’est une belle diversification pour de nombreux agriculteurs. »
Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à voir dans la vigne de belles possibilités pour le futur : de 154 viticulteurs en 2019, la Belgique compte maintenant plus de 300 producteurs en 2024, professionnels comme amateurs. « Cette évolution, c’est vraiment un mélange de tout, pas juste du réchauffement climatique, nous explique la vigneronne anhétoise. Quand j’ai commencé la vigne il y a 15 ans, on n’en parlait pas encore. Alors oui, le changement climatique joue mais il faut aussi noter l’envie de se diversifier des agriculteurs, la belle image du secteur, la communication positive qui nous entoure… Ca créé des vocations, des envies et de bons vins ! »
Nous sommes d’abord et avant tout des agriculteurs
Vanessa Vaxelaire, Présidente de l’Association des Vignerons de Wallonie et propriétaire du château de Bioul, est pour le moins optimiste quand elle évoque l’avenir du secteur viti-vinicole belge : « Je crois que la Wallonie va devenir un petit pays viticole qu’on pourra peut-être comparer à un pays comme l’Autriche. La plupart des vignerons ne sont pas des gros vignerons quand on regarde nos voisins. En Belgique, c’est une vigne plutôt artisanale avec des gens passionnés, compétents, avec une philosophie plus durable, avec du sens, un secteur où on passe du secteur primaire au tertiaire, où on fait un cycle complet nous-même. Le secteur viti-vinicole belge est à un tournant. On est de plus en plus professionnels, de plus en plus nombreux et le secteur va certainement compter dans l’économie belge et l’image de la Belgique dans les années à venir.
Être à Libramont, c’est logique. Notre place est à Libramont, comme les autres. Nous sommes d’abord et avant tout des agriculteurs donc on y est depuis longtemps, même quand le vin belge était encore confidentiel. Ça nous permet de faire découvrir le vin wallon par le biais de l’agriculture, d’en parler, d’échanger avec les collègues agriculteurs,… Et ce qui est chouette à Libramont, c’est qu’on va rencontrer des agriculteurs mais aussi le grand public, des connaisseurs comme des amateurs, les interactions sont super intéressantes et je me réjouis d’y aller, ne fut-ce que pour découvrir les nouveaux stands, les nouveaux concessionnaires, ceux qui ont mis les petits tracteurs avec les gros,… Cette année, j’y vais avec un tout autre regard, une toute autre envie et je me réjouis d’y être ! »
Le dimanche fera la part belle au vin à l’heure de la messe
La Foire de Libramont invite donc tous les producteurs, viticulteurs, viniculteurs et personnes intéressées à venir découvrir le monde de la vigne et échanger sur le sujet le temps d’une matinée dédiée. « On a voulu mettre un focus sur le secteur et offrir un moment privilégié aux viti-viniculteurs belges. On a beaucoup échangé avec eux et on a vu qu’ils avaient envie de pouvoir se retrouver au sein de la Foire pour discuter ensemble, découvrir de nouvelles pratiques ou trouver des informations très spécifiques à leur domaine, nous raconte Caroline Willems. On a donc décidé de leur dédier la journée du dimanche, où nous leur proposons 3 mini-conférences en matinée : une sur l’état des lieux de la consommation de boissons et de vins en Belgique francophone, par l’Observatoire de la consommation de l’Apaq-W (10h00), une sur la nouvelle réglementation en matière d’étiquetage, par Dominique Rooseleer SPF Economie (10h30) et une sur le cheval de travail, partenaire de la viticulture, par Valère Marchand (11h00). Ces conférences seront suivies par des moments d’échange et de networking et de nombreux stands vont venir avec des informations ou des machines spécialisées pour le secteur viti-vinicole pendant toute la durée de la Foire. C’est vraiment un événement à ne pas rater pour les personnes intéressées ! »
On notera aussi que des stands spécifiques au secteur arrivent sur la Foire, comme Vinolis, Agronova ou Gültig et ses solutions de bouchons pour les professionnels. Et les amateurs ne seront pas en reste puisque l’APAQ-W va proposer des dégustations, l’Association des Vignerons de Wallonie présentera ses produits, etc. « On commence modestement mais on compte bien continuer à développer le sujet, précise Caroline Willems. On veut poursuivre cette visibilité dans les éditions à venir, y impliquer plus d’exposants, amener de nouveaux produits, etc. Et la Foire n’a pas oublié les néo-viti-viniculteurs qui vont pouvoir y trouver une foule d’informations utiles ou échanger avec des représentants d’organisation, des conseillers, des partenaires,… Et ça, autant le dimanche que pendant le reste de la Foire ! »
En route pour Libramont deux mille VIN(gt)-quatre
Avec une matinée dédiée au secteur viti-vinicole et une attention particulière à l’univers du vin tout au long de la Foire, Libramont a mis les petits… Verres dans les grands pour le monde de la vigne belge et wallonne.
Envie d’en savoir plus ? Toutes les informations sur ce nouveau parcours sont à retrouver sur le site de la Foire de Libramont via l’adresse https://www.foiredelibramont.com/poles-et-parcours/
Vivardent : on veut vraiment s’intégrer dans l’agriculture wallonne
La société Vivardent, située à Sprimont, en région liégeoise, fait partie des viti-viniculteurs présents à la Foire de Libramont. Une décision logique pour ces amateurs de vin qui, outre leur vignoble liégeois qui va connaître ses premières vendanges cette année et les quelques hectares de terres françaises qui ont permis à la société de faire ses premières armes dans le milieu, possède l’un des plus grands chais du pays – soit les cuves nécessaires à la vinification du raisin non seulement de Vivardent mais aussi de viticulteurs ou fruiticulteurs qui n’ont pas encore la possibilité de transformer eux-mêmes leurs raisins en vin. « Notre spécificité, outre notre domaine, c’est notre chai qu’on a construit pour vraiment nous intégrer dans le monde de la viniculture wallonne, nous explique Philippe Minne, administrateur de la société. Cette cuverie, c’est le cœur de Vivardent puisqu’à terme nous comptons l’utiliser un tiers pour nous même, un tiers pour d’autres viticulteurs et un tiers pour des fruiticulteurs. Et Libramont va aussi nous permettre de rencontrer de nouveaux partenaires via notre projet VitiOenoTech, notre cellule de conseils destinée à apporter des solutions clés en main aux futurs vignerons, aux agriculteurs qui veulent se diversifier ou aux fruiticulteurs qui veulent proposer autre chose. C’est comme ça qu’on veut s’intégrer non seulement au sein du secteur viti-vinicole wallon mais aussi dans l’agriculture de notre région. »
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