Willy Borsus: «Une porte se ferme, une autre s’ouvre…»
Interview du nouveau Président de l’Assemblée législative
Enfant de la terre, Willy Borsus a été deux fois ministre en charge de l’Agriculture. La première fois au fédéral (de 2014 à 2017) et la seconde à la Région (de 2019 à 2024). Fraîchement remplacé au sein de l’exécutif wallon par Anne-Catherine Dalcq, c’est désormais au perchoir du Parlement wallon qu’il officiera, en sa qualité de Président de l’Assemblée législative. L’occasion de faire le bilan d’une mandature particulière dans un contexte qui l’était tout autant.
Propos recueillis par Ronald Pirlot

Willy Borsus à la Foire de Libramont 2023
Pleinchamp: Monsieur le Ministre, dans quel sentiment quittez-vous vos fonctions? On a senti une pointe de tristesse lors de la passation des clés du Ministère.
Willy Borsus: «Pour moi, une porte se ferme et une autre s’ouvre. Celle-ci est aussi pleine de défis et je vais m’y consacrer pleinement et avec beaucoup d’énergie. Mais j’ai beaucoup d’affinités et de passion pour la matière agricole au sens large. Raison pour laquelle je pense m’y être consacré avec beaucoup d’énergie tout au long de ces années, avec une partie au fédéral et l’autre à la Région wallonne. Il y a effectivement une pointe de nostalgie dans mon chef, mais je serai toujours soutenant pour le monde agricole, pour le monde rural et j’ai pleine confiance en Anne-Catherine Dalcq, ma successeure qui connaît déjà bien le secteur. Et que, figurerez-vous, j’ai rencontré pour la première fois lors d’une réunion des ministres de l’Agriculture de l’OCDE à Paris, voici deux ans. Anne-Catherine Dalcq s’y exprimait au nom du jeune syndicalisme agricole européen. En l’entendant et en voyant sa connaissance du terrain et son aisance devant une assemblée ministérielle. Je me suis dit : «tiens voilà quelqu’un qui a vraiment du talent». Je suis vraiment très heureux qu’elle ait l’agriculture dans ses compétences».
PC : Auriez-vous un conseil à donner à votre successeure?
WB : «Elle connaît déjà très bien le métier pour en être issue et je me garde toujours bien de donner des conseils. Je trouverais ça d’un paternalisme déplacé. Peut-être seulement un petit mot, à savoir de toujours rester au plus proche du terrain, de la réalité agricole, des fermes. C’est un élément qui m’a beaucoup aidé au cours de mes deux mandats. Cette proximité m’est toujours apparue essentielle et je ne doute pas que ce soit aussi son intention».
PC : De ces cinq années à la Région, quelle est la mesure dont vous êtes le plus fier?
WB : «Dans une coalition avec Ecolo qui n’était pas simple, c’est d’avoir maintenu dans la PAC une part de 76% du 1 pilier dédicacée aux revenus des agriculteurs, mais aussi d’avoir maintenu le soutien couplé dans le cadre du Plan stratégique. Tout ça, a priori, était perdu d’avance puisque le soutien couplé, l’Europe et les Ecolos n’en voulaient pas. Une part aussi importante dédicacée aux revenus, c’était loin d’être acquis. J’y ajouterai le travail qui a été fait pour adopter les 45 mesures de simplification administrative qui étaient indispensables et qu’il faut poursuivre».
PC : Et le regret?
WB : «Peut-être de ne pas avoir eu dans mes compétences tous les aspects qui concernaient significativement le monde agricole – comme par exemple le PGDA – et donc de ne pas avoir pu, sur certaines mesures qui me sont apparues trop bureaucratiques ou environnementales, avoir le pouvoir de décision».
PC : Cette législature a été marquée par un contexte sanitaire puis géostratégique particulier. Celui-ci fut-il plus difficile à gérer que la cohabitation au sein de l’exécutif?
WB : «La législature régionale a d’abord été marquée par toute une série de crises externes. On le voit avec les prix des engrais multipliés par 4 ou par 5, mais aussi avec les mesures Covid qui ont conduit certaines filières à fermer. On a connu une période très chahutée par les impacts de toutes ces crises. Mais aussi par des inondations et des sécheresses. Soyons clairs, les premiers impactés ont été les agriculteurs. Ce fut assurément le point le plus compliqué de cette législature. En ce qui concerne les partenaires du Gouvernement, même en discutant plusieurs mois – je rappelle que pour le Plan stratégique, ce furent 7 mois de négociation rude à l’intérieur de l’exécutif – mais nous avons pu dégager un Plan stratégique dont je suis fier. Ça veut donc dire qu’on doit toujours, in fine, construire des solutions».
PC : Lors de la prestation de serment au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, on vous a vu siéger à quelques mètres de Mme Tellier. Dites, vous ne vous quittez plus…
WB : «(rires)… On utilise simplement les places qui nous sont réservées en fonction du protocole et de l’organisation. N’y voyez donc aucune symbolique ni politique, ni médiatique».
PC : En un mot, comment définiriez-vous votre mandat à la Région?
WB : «Il a été extrêmement chargé et plein de défis. Et en même temps, plus je vis avec notre monde agricole wallon, plus je suis fier de tout ce qu’il représente, de toute son expertise et de son niveau pointu et professionnel».
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